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Crise de nerfs. Génial et énervé au Théâtre de l’Atelier.

Dernière mise à jour : 31 mars 2021

Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 LE CHANT DU CYGNE, LES MÉFAITS DU TABAC, UNE DEMANDE EN MARIAGE

Dans un Théâtre vide, un vieux comédien, au soir de sa vie, ivre, rêve de sa carrière marquée par l’échec.

Un autre homme dont l’existence est réduite à la soumission à sa femme entreprend de donner une conférence portant sur le tabac, simple prétexte à son besoin d’échapper à son existence d’épouvantail.

Puis, encore un homme plus tout à fait jeune émet le souhait de se marier, mais se fâche avec sa fiancée et son beau-père dans une succession de cris qui le conduiront jusqu’à l’évanouissement.

En fin observateur de la nature humaine, Tchekhov s’empare de ces caractères et de ces personnages pour interpréter notre vie comme une farce et s’en saisit pour y produire les effets les plus comiques.

Néanmoins, ces personnages sont tous porteurs d’une grande humanité, et font que, ces petites pièces en un acte s’avèrent être le temps de l’ébauche des grandes œuvres de la pleine maturité…

Peter STEIN

Après déjà plusieurs collaborations, le metteur en scène Peter Stein - Admirateur et connaisseur de l’œuvre de Tchekhov (il lui a consacré un essai, en 2002, intitulé Mon Tchekhov), retrouve, à nouveau, Jacques Weber.

Farce, humour noir et dépression nerveuse sont au programme de cette soirée magique. Jacques Weber s’en donne à cœur joie et nous fait un cadeau immense en état dépressif chronique. Jamais les mots "mort", "suicide" ont été aussi employés, au théâtre, tout en étant si psychologiquement hilarant.

Les Méfaits du tabac et Une demande en mariage font sans doute partie des courtes pièces devenues de grands chefs d’œuvres figurant au répertoire des théâtres, les plus renommés à travers le monde. En revanche, beaucoup moins représentée, Le Chant du Cygne, s’avère une pièce singulière et enchanteresse qui explore entre humour et tragédie la question du gouffre entre l’idéal et la réalité, entre le romantisme et le réel.

Assez déstabilisante, car plus dramatique que comique, cette première pièce permet à Jacques Weber de nous livrer tout son talent de comédien. En dramaturge, aviné, désespéré et cabotin, il livre une partition loufoque, mais aussi très juste, sur les doutes de l’acteur.

Complètement ahurissants, Les méfaits du tabac est un monologue à tiroirs et La demande en Mariage, une folie. Chacune de ses pièces, très bien choisies, a la particularité de réserver des rôles d’acteur de haute volée et des rebondissements totalement imprévisibles.

Jacques Weber illumine la soirée par sa présence et son talent ( mais ce n’est pas une surprise) et les deux jeunes comédiens, au parcours déjà très rempli, que sont Manon COMBES et Loïc MIHAN nous enchantent. Manon Combes est une nature, c’est le moins que l’on puisse dire. À la fois extrêmement drôle et effrayante, elle chope la lumière comme nulle autre pareille.

Tchekhov dit, en parlant de ses pièces courtes « J’ai écrit une pièce en quatre petits quarts. Elle se jouera en 15-20 minutes. Le plus petit drame au monde... en général, c’est beaucoup mieux d’écrire des petites choses que des grandes : peu de prétention et succès assuré. Que demander de plus ? ».

Avec Crise de Nerfs, le théâtre de l'atelier revêt, ses habits de lumières, à l'occasion de sa réouverture et nous offre un spectacle magnifique et brillant, farfelu et énervé. Un bijou d'écriture et de talents.

 

CRISE DE NERFS

3 farces d'Anton P.Tchekhov

Le Chant du cygne, Les Méfaits du tabac, Une Demande en mariage

Mise en scène PETER STEIN

Avec Jacques WEBER, Manon COMBES, Loïc MOBIHAN

Scénographie Ferdinand WOEGERBAUER

Assistante à la mise en scène Nikolitsa ANGELAKOPOULOU

Costumes Anna-Maria HEINREICH

Graphiste Cyrille Julien

Crédit Photo Maria-Letizia PIANTONI

THÉÂTRE DE L’ATELIER

DU 18 DÉCEMBRE 2020 AU 31 JANVIER 2021

Décembre :

Vendredi et samedi à 19H dimanche à 17h ; vendredi 25 décembre à 19H et mercredi 30 et jeudi 31 décembre à 19h

Janvier :

Du samedi 2 au samedi 9 janvier : du mardi au samedi à 19h, dimanche 3 janvier à 17h ; relâche vendredi 1 janvier

Du 20 au 31 janvier du mardi au dimanche à 21h ; relâches mardi 19 et dimanche 24 janvier.


Affiche crise de nerfs


 

Pour en savoir plus...

LES PIÈCES

Anton Tchekhov (1860-1904) est l’auteur de centaines de nouvelles.

Il est l’auteur de nouvelles qui sont devenues les modèles du genre, il a composé des “petites” pièces qui, étudiées par tous les élèves des conservatoires et écoles de théâtre, sont parmi les plus grandes du répertoire mondial. Il les a écrites pour la plupart en 1888 et 1889, soit entre la première et la deuxième version d’Ivanov, au moment où il s’interrogeait avec le plus d’acuité sur le théâtre. Exemples de finesse et de légèreté, ces courtes pièces sont souvent des transpositions de nouvelles d’une densité particulière, comme dans le cas de Sur la grand-

route (1884), “étude dramatique” qui est un véritable chef-d’œuvre.


LE CHANT DU CYGNE

Le Chant du cygne a été écrit à partir d’une nouvelle intitulée Calchas, publiée le 10 novembre 1886. La première version, publiée en janvier 1887, était très courte mais, à la fin de l’année 1887 déjà, la pièce devant être jouée, Tchekhov entreprit de la revoir et de l’augmenter. La première représentation eut lieu à Moscou, au Théâtre de Korch avec V.Davydov, acteur alors très célèbre. La version définitive parut en 1897 dans le recueil intitulé Pièces, avec quelques changements notables : Svétlovidov n’a plus cinquante-huit mais soixante-huit ans, et l’on ne célèbre plus son trente-cinquième anniversaire mais son quarante-cinquième anniversaire de scène ; Tchekhov a ajouté le monologue de Tchatski, le héros de Du malheur d’avoir trop d’esprit de Griboïedov, inscrivant ainsi la pièce dans l’histoire du théâtre russe et reprenant un thème qui était déjà celui de Platonov.


LES MÉFAITS DU TABAC

En février 1886, lorsque Tchekhov publie Des méfaits du tabac dans La Gazette de Saint- Pétersbourg, il s’agit d’une parodie de conférence dont les effets comiques viennent du fait que le conférencier, contraint par sa femme de faire cet exposé sur un sujet auquel il ne connaît rien, entend célébrer sur commande le pensionnat qu’elle dirige et n’y parvient pas. Il fait figurer ce monologue (qu’il considère alors comme une nouvelle) dans ses Récits bariolés qui paraissent la même année et, au fil des rééditions, essaie de l’améliorer. En 1902, dans les derniers mois de sa vie, il le remanie et décide de l’inclure dans ses Oeuvres complètes.


UNE DEMANDE EN MARIAGE

Une Demande en mariage a été écrite en octobre 1888, au moment où le succès rencontré par L’Ours incitait Tchekhov à céder à son goût pour les plaisanteries en un acte inspirées du vaudeville. La Demande en mariage fut représentée pour la première fois en avril 1889 à Saint-Pétersbourg et publiée dans un journal, puis dans un recueil de pièces de Tchekhov et enfin dans ses Œuvres, avec quelques modifications. Comme L’Ours, elle devait connaître un succès immédiat et jamais démenti, valant même à son auteur les éloges du tsar Alexandre III qui l’avait vue représenter au Palais d’été.


Extraits de Anton Tchekhov, Pièces en un acte Théâtre traduit du russe par André Markowicz et Françoise Morvan. Éditions Actes Sud

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