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La chute

Théâtre littéraire à la contrescarpe

Avis de Foudart 🅵🅵🅵

Jean-Baptiste Clamence se confie à un inconnu, dans un bar douteux d’Amsterdam. Il se présente comme « juge-pénitent », étrange profession consistant à s’accuser soi-même afin de pouvoir devenir juge.

Depuis 10 ans, Géraud Bénech, metteur en scène et Stanislas de la Tousche, comédien explore la littérature et l’emmène au théâtre.


Après le merveilleux Céline joué au théâtre de la contrescarpe et au poche Montparnasse, Cette année est l’occasion de revisiter, de façon théâtrale, ce récit écrit par l’une des figures les plus marquantes de la pensée du XXe siècle.

Loin des affrontements historiques et idéologiques des années 1950 (Guerre froide, décolonisation, forte influence du marxisme dans les courants de pensée en Europe), qui lui donnaient des allures de manifestes, cette étrange confession s’inscrit à présent dans un contexte plus émouvant et proche de nos sensibilités contemporaines, davantage tournées vers l’intime et le personnel.

La Chute. Un homme rompu à l’art de la parole, brillant avocat comme il se décrit...


comédien comme il se prétend, va se mettre à nu dans un « jeu de la vérité » sans concessions.


Un homme rompu à l’art de la parole, brillant avocat comme il se décrit... comédien comme il se prétend, va se mettre à nu dans un « jeu de la vérité » sans concession ?

La mise en perspective théâtrale de ce texte s’appuie sur la stratégie d’écriture de Camus

Le spectateur, tout comme le lecteur, n’est pas pris à partie directement. La parole de Jean-Baptiste Clamence, portée par le comédien Stanislas de la Tousche, est adressée à cet interlocuteur invisible qu’il tente de convertir et d’entraîner dans sa chute salvatrice. Petit à petit, sans s’en apercevoir, alors que la confession avance, on se sent tous concernés, pris à partie et presque gênés de voir à quel point le mensonge, si souvent usité, peut faire des dégâts colossaux.


Qui est ce personnage qui se désigne sous le nom de Jean-Baptiste Clamence. À qui s’adresse-t-il ?

La magnifique mise en scène de Géraud Bénech, à la fois intense et sobre met la place du miroir en évidence et à chaque instant, le spectateur est confronté à plusieurs informations. Jeu d'acteur, bande sonore, projections. Le tout se mêle en un jeu d'illusions et ajoute encore, une folle intensité à cette introspection. Un texte, tout en ambigüité voulue par Camus et très bien retranscrit par Stanislas de la Tousche, à la méloper très particulière.


” Ces nuits-là, ces matins plutôt car la chute se produit à l’aube, je sors, je vais, d’une démarche emportée, le long des canaux. Dans le ciel livide, les couches de plumes s’amincissent, les colombes remontent un peu. Une lueur rosée annonce, au ras des toits, un nouveau jour de ma création (...) Alors planant par la pensée sur tout ce continent qui m’est soumis sans le savoir, buvant le jour d’absinthe qui se lève, ivre enfin de mauvaises paroles, je suis heureux. Je suis heureux, vous dis-je, je vous interdis de ne pas croire que je suis heureux, je suis heureux à mourir ! ”
 

LA CHUTE

"La Chute" est le roman-testament d'Albert Camus.

Un an après avoir achevé cette dernière œuvre, il reçut le prix Nobel de littérature.

Auteur Albert CAMUS

Adaptation Géraud BÉNECH et Stanislas de la TOUSCHE

Artiste Stanislas de la TOUSCHE

Metteur en scène, création sonore et vidéo Géraud BÉNECH

Crédit Photo Fabienne RAPPENEAU

Durée 1h10


THÉÂTRE DE LA CONTRESCARPE

5 RUE BLAINVILLE, 75005 PARIS


A partir du 9 juin, les mercredis et jeudis à 19h.




 

En savoir plus...

Résumé du texte. Un ancien avocat réfugié à Amsterdam sert de guide à un Français de passage, rencontré dans un bar du port. Jour après jour, il se raconte et se dévoile, se faisant de plus en plus intime. Au cœur de sa révélation, un événement catalyseur : le suicide par noyade, sous ses yeux, d’une jeune femme, un soir alors qu’il traversait un pont parisien. Mais au-delà de sa propre expérience, il rend compte de cette complexité irréductible que nous partageons tous, des choix qui composent la trame de nos existences, de nos intentions, de nos actes ou nos immobilités, face au regard de l’autre, face aux injonctions sociales ou aux intrusions fracassantes de l’Histoire dans nos vies. L’homme se confie : il a été un avocat brillant, un séducteur, un homme du monde, vivant pour et par les autres, n’existant qu’au travers du jeu des regards. Puis soudain, à la faveur de ce suicide, la lucidité l’a saisi. Le sentiment de sa lâcheté intrinsèque, de sa vanité, se sont mis à affleurer. Toutes ses tentatives pour le refouler ont échoué. Sa carapace d’être social s’est fissurée puis brisée. C’est un écorché vivant qui se voit en transparence, à la fois sujet et objet cette « leçon d’anatomie » qu’est La Chute.

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