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Photo du rédacteurBonfils Frédéric

Molly's. Théâtre Dejazet

Dernière mise à jour : 25 avr. 2021

Quand une magnifique comédienne, meneuse de troupe, au caractère bien trempée rencontre deux immenses chanteurs d'opéra et un pianiste de génie autour d'un grand texte et de fabuleuses musiques irlandaise méconnues en France, cela donne un spectacle grandiose.


Molly Sweeney est une jeune femme aveugle que son mari Frank incarné par Ronan Nédélec, tel un don QUICHOTE enthousiaste (comme il le dit très bien), va convaincre de se faire opérer par le docteur Rice, ophtalmologue autrefois célèbre qui s’est réfugié à Ballybeg, au cœur de l’Irlande. Loin d’avoir tout à gagner en recouvrant la vue, Molly prend le risque de tout perdre et de se retrouver exilée d’un monde qu’elle croyait connaître.

Inspiré des travaux d’Olivier Sacks, Brian Friel raconte à travers les voix de ces trois

protagonistes l’avant et l’après de cette opération.


« Tu ne rates pas grand-chose… » les mots de son père, de son enfance que Molly martèle tout au long de la pièce, son sourire presque constant et l'acharnement de ces deux hommes à la « rendre normale ».


« Tu ne rates pas grand-chose ». En abordant le sujet sensible du handicap, assez peu abordé au théâtre, la notion de normalité et en quelque sorte l’acharnement thérapeutique, on prend une belle leçon d'écoute et d'humanisme.


« Tu ne rates pas grand-chose » Et si Molly avait tout compris dès le début et qu’elle s'était accommodée de son handicap ? c'est la question fondamentale et existentielle de cette pièce.


La lumière « noire », les voix qui s'entremêlent, parlent, chantent (merveilleusement) apportent au spectacle un côté onirique, presque philosophique et totalement poétique. Ici, l’on est dans un travail d'orfèvre, extrêmement difficile, à la fois à monter, mais aussi à jouer. Tous les codes sautent les uns après les autres, un peu comme des pensées toutes faites et assez manichéennes que nous pourrions tous avoir. Cette pièce magnifique est un véritable bijou par le texte de Brian Friel, la mise en scène et le jeu de Julie Brochen, la scénographie De Lorenzo Albani et la virtuosité de Nikola Takov, Olivier DUMAIT et Ronan Nédélec (deux immenses chanteurs lyriques à la renommée internationale et aujourd’hui deux comédiens magiques).


Quand on connaît l’emploi du temps surchargé de tous ses immenses artistes, les textes, les notes qu’ils doivent ingurgiter, on ne peut qu’être encore plus enthousiasmé par l’immensité du travail accomplie. J’ai eu la chance incroyable de tous les rencontrer pour une entrevue magique et improvisée. Leur gentillesse et leur disponibilité n’ont d’égale que leur talent.

C’est un bonheur de « chahuter », un peu, en douceur, ces artistes hors pair qui sont très souvent idolâtrés.


J’ai véritablement passé une soirée fantastique avec Molly S. au très beau théâtre Déjazet.

Il faut absolument voir cette pièce. 16 représentations exceptionnelles. C’est tout simplement incontournable !




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