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Pour un oui ou pour un non : Quand le langage devient un champ de bataille

Photo du rédacteur: Bonfils Frédéric Bonfils Frédéric

Dernière mise à jour : 27 janv.

Nathalie Sarraute, figure majeure de la littérature du XXe siècle, s’est toujours attachée à disséquer les subtilités du langage et ses répercussions sur les relations humaines. Avec Pour un oui ou pour un non, elle nous offre une exploration à la fois tragique et comique des non-dits et des malentendus qui empoisonnent l’amitié. Sylvain Maurice s’empare de ce texte exigeant et nous propose une mise en scène aussi vibrante qu’intelligente, où chaque mot devient une arme et chaque silence un cri.


Une querelle dérisoire mais universelle


L’intrigue, aussi simple qu’universelle, repose sur un différend entre deux amis, H1 et H2. Tout part d’une phrase anodine : « C’est bien… ça », prononcée par H1 sur un ton jugé condescendant par H2. Ce micro-incident devient le catalyseur d’un débat intense où l’amour-propre, les rancunes enfouies et les interprétations subjectives se mêlent. Dans cette joute verbale, les rôles de victime et de bourreau alternent, révélant l’absurdité et la violence latente des relations humaines.


Sylvain Maurice décrit cette œuvre comme un « combat à mort » qui, paradoxalement, reste profondément dérisoire. Le texte ne s’intéresse pas aux grandes idées ou idéologies, mais au quotidien et à l’intime. Ce combat, tout en étant profondément personnel, résonne avec des problématiques contemporaines : dans un monde où chacun est invité à se prononcer sur tout, la position marginale de H2, qui choisit le silence, interroge notre époque saturée d’opinions.


Une esthétique entre vintage et modernité


La scénographie, inspirée des motifs géométriques des années 1970, contribue à l’ambivalence temporelle de la pièce. Un choix audacieux, à la fois vintage et actuel qui reflète la nature intemporelle des conflits humains et donne un ancrage esthétique fort à cette nouvelle lecture du texte.


Un théâtre cérébral et viscéral


La mise en scène de Sylvain Maurice, portée par les performances magistrales de Christophe Brault et Scali Delpeyrat, parvient à équilibrer l’humour caustique et l’émotion brute. Les échanges entre H1 et H2 oscillent entre la légèreté de la comédie et la gravité d’un drame existentiel. Ce double registre est précisément ce qui fait la richesse du théâtre de Sarraute : un théâtre où « tout ce qui compte est ce qui n’est pas dit », et où les mots, pourtant si simples, deviennent lourds de sens.


L’amitié, une condamnation ?


À mesure que la pièce progresse, il devient évident que H1 et H2 sont prisonniers de leur relation. Comme le souligne Maurice, ils sont « condamnés à rester amis, ou à faire semblant de l’être ». Cette tension, entre désir de rupture et impossibilité de se séparer, confère à Pour un oui ou pour un non une portée universelle et tragique. L’amitié, loin d’être idéalisée, est ici décrite comme une prison sociale, un jeu de rôle où chacun tente de préserver les apparences.


 

Avec Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute redonne au langage une force vive, nous rappelant à quel point les mots, aussi infimes soient-ils, peuvent fracturer des relations et révéler les fêlures de l’ego. Sylvain Maurice livre une interprétation saisissante de ce texte intemporel, alliant profondeur intellectuelle et énergie théâtrale. Un spectacle à la fois cruel et drôle, où chacun peut se reconnaître, pour le meilleur et pour le pire. Avis de Foudart 🅵🅵🅵



 


POUR UN OUI OU POUR UN NON

De Nathalie Sarraute

Mise en scène et scénographie Sylvain Maurice

Avec Christophe Brault, Scali Delpeyrat et Élodie Gandy

Lumières Rodolphe Martin

Son Jean De Almeida

Costumes Amélie Hagnerel

Crédit photo © Christophe Raynaud de Lage


THÉÂTRE LE LUCERNAIRE

DU 22 JANVIER AU 16 MARS 2025 • Du mardi au samedi à 18h30 / le dimanche à 15h • Durée   

1h




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