The Apprentice, réalisé par Ali Abbasi, nous plonge au cœur des années 1970 à New York, à une époque charnière où se forgeait la personnalité d’un jeune Donald Trump, bien avant son ascension à la présidence des États-Unis. Ce film, loin d’être une simple rétrospective, dissèque la relation entre Trump, alors jeune promoteur immobilier, et Roy Cohn, son mentor sulfureux et maître des coulisses du pouvoir conservateur américain. Écrit par Gabriel Sherman, le scénario met en lumière l’influence toxique et indélébile de Cohn sur Trump, sculptant sa vision du monde et ses méthodes de conquête du pouvoir. Cohn, vétéran des chasses aux sorcières anticommunistes des années 1950, inculque à son protégé des tactiques impitoyables : ne jamais reculer, refuser toute responsabilité et, toujours, proclamer la victoire, peu importe la vérité.
Le mentor et l’apprenti : un duo infernal
Jeremy Strong livre une performance saisissante en incarnant Roy Cohn, un personnage à la fois magnétique et terrifiant, rongé par sa quête insatiable de pouvoir et hanté par le rejet de son homosexualité. Face à lui, Sebastian Stan interprète un jeune Donald Trump encore hésitant, bien loin de l’homme public que l’on connaît, mais dont les ambitions démesurées transparaissent déjà. Ce duo, à la fois fascinant et glaçant, dévoile la transformation de Trump sous l’influence corrosive de Cohn, évoluant d’un jeune homme en quête de validation à une figure impitoyable du monde des affaires et de la politique.
Un affrontement psychologique captivant
Ali Abbasi évite habilement les pièges du biopic conventionnel en choisissant de se concentrer sur ce moment décisif de la vie de Trump, où son identité politique et morale s’est cristallisée. The Apprentice est avant tout une plongée dans la psyché de deux hommes puissants, où la manipulation, l’opportunisme et l’obsession de la domination constituent les fondations du récit. Abbasi, avec son flair pour les nuances sociales et psychologiques, teinte le film d’une ironie percutante, tout en dénonçant subtilement un système où la moralité est sacrifiée sur l’autel de la réussite et de l’argent.
Une réflexion brûlante sur le pouvoir
Bien que The Apprentice se déroule dans l’Amérique des années 70-80, son propos résonne de manière particulièrement actuelle. En exposant les rouages d’un système politique gangrené par le cynisme et la soif de pouvoir, le film révèle comment des figures comme Trump émergent et prospèrent, façonnant le paysage politique à coups d’agressions médiatiques et de dénis systématiques. Abbasi ne se contente pas de brosser le portrait d’un Trump caricatural : il fouille dans les racines profondes de cette personnalité complexe, symbolisant bien plus qu’un homme, mais une ère entière de la politique mondiale.
Une fable politique et humaine
The Apprentice transcende le simple récit d’une ascension personnelle pour offrir une réflexion saisissante sur les forces qui sous-tendent le pouvoir moderne. Ce thriller psychologique met à nu l’influence destructrice du mentor, les failles profondes de l’élève, et les conséquences désastreuses d’une ambition dévorante. C’est une parabole sur la manière dont les individus sont façonnés par le système qu’ils cherchent à dominer, et comment, à leur tour, ils peuvent déformer ce même système, laissant dans leur sillage un monde dévasté par la quête insatiable de pouvoir.
Une réflexion à la fois morale et psychologique, sur la manière dont les individus et le système qu’ils servent se façonnent mutuellement, dans une course effrénée pour la domination. Avis Foudart 🅵🅵🅵
THE APPRENTICE
Un film de Ali Abbasi
Avec Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova
Sortie nationale le 9 Octobre 2024 • Durée 2h
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