Daddy : Quand Marion Siéfert pirate la scène pour dénoncer l’exploitation des corps
- Bonfils Frédéric
- 23 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mai
Bienvenue dans le game. Ici, on ne joue pas pour rire. Dans Daddy, Marion Siéfert transforme la scène en terrain miné. Jeu vidéo, conte noir, confession adolescente, performance hybride : cette pièce vertigineuse raconte comment une jeune fille de 13 ans tombe sous l’emprise d’un prédateur numérique. Et comment le théâtre peut, encore aujourd’hui, tout bousculer.
Mara, 13 ans, avatar à vendre
Son pseudo, c’est BadGirl66.
Elle est jeune, drôle, curieuse. Elle rêve d’être actrice. Et surtout, elle veut fuir l’étroitesse de sa vie. Quand Julien, 27 ans, la contacte en ligne, tout s’enchaîne. Il lui propose un jeu. Elle y jouera… avec son vrai corps. Il sera son “daddy”, achètera ses costumes, fixera les scènes. En échange : des points, des dollars, des likes, des promesses.
C’est le piège. Et Daddy le déplie, scène après scène, dans un univers numérique saturé, séduisant, cruel.
Une création documentée, urgente, dérangeante
Le sujet n’est pas “inspiré”. Il est vécu, réel, douloureux. Pour écrire Daddy, Marion Siéfert a écouté les témoignages de victimes d’abus. Elle a parlé avec des joueurs de role play, des adolescentes surexposées sur les réseaux, des enfants piégés dans des rêves toxiques.
« J’avais envie que la pièce soit à la hauteur de ce que les gens m’avaient confié. »
Pas de reconstitution naturaliste ici. Mais une écriture de la sidération, du vertige, du trouble. Une fiction ancrée dans le réel, mais portée par un imaginaire explosif.
Un jeu vidéo comme miroir noir de la société
Sur scène : des écrans géants, des avatars, des scènes chorégraphiées comme des niveaux de jeu, des “lives” qui claquent, des pixels qui saignent. Le théâtre devient une console, et le spectateur, un joueur pris au piège.
Inspirée par Pinocchio, Entretien avec un vampire ou Mary Poppins, Marion Siéfert invente un espace où le virtuel se confond avec le réel. Où les fantasmes sont monnayés. Où les corps deviennent produits.
Une révélation : Lila Houel
Elle n’a pas 16 ans, et elle crève la scène. Lila Houel incarne Mara avec une intensité folle, une maturité sidérante. Face à elle, Louis Peres campe un Julien glaçant de maîtrise. Autour, une troupe dense, vibrante, généreuse : Jennifer Gold, Lou Chrétien-Février, Charles-Henri Wolff, Émilie Cazenave…
C’est un théâtre de chair, de sueur, de larmes, traversé par la violence et le désir.
Ce que Daddy dit de nous
Daddy, c’est la face B du monde numérique : celle où l’image vaut plus que la parole, où les adolescentes deviennent des “investissements”, où les règles sont fixées par des hommes qui consomment et jettent.
C’est aussi une critique radicale d’un système où même Marilyn Monroe continue d’être exploitée après sa mort.
« Même morte, on continue d’exploiter Marilyn Monroe. C’est presque le prototype de ce qui se passe aujourd’hui dans les mondes virtuels. »
Une œuvre qui déborde, et c’est tant mieux
Oui, Daddy dure plus de 3 heures. Oui, ça déborde. Mais dans un monde qui réduit, qui compresse, qui fait swipe, Daddy prend son temps. Il dérange, il chavire, il épuise, il bouscule. Et c’est exactement ce qu’il fallait.
En résumé ? Un uppercut scénique. Et une nécessité.
Daddy n’est pas un spectacle. C’est un électrochoc. Un cri de scène. Un miroir numérique tendu à une société qui laisse faire.
Allez-y. C’est bouleversant. Brillant. Indispensable. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
Infos pratiques
Daddy
Texte Marion Siéfert & Matthieu Bareyre
Mise en scène Marion Siéfert
Avec Émille Cazenave, Lou Chrétien-Février, Jenaifer Gold, Lila Houel, Lorenzo Lefebvre, Charles-Henri Molft
Crédit photo ©Matthieu Bareyre
Grande Halle de la Villette
Du 22 au 25 mai 2025 • Durée 3h05


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