
Jean-Claude & Joséphine: Le retour méconnu d’une icône du cabaret sur les planches
- Bonfils Frédéric
- 6 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 mai
Un duo inattendu dans une comédie dramatique à ne pas manquer au Théâtre de Passy
Et si, derrière les paillettes du music-hall et le faste de la Nouvelle Vague, il y avait avant tout une histoire d’amitié ?
Jean-Claude et Joséphine, à l’affiche du Théâtre de Passy jusqu’à fin juin, ressuscite une rencontre improbable – et pourtant bien réelle – entre deux figures flamboyantes du XXe siècle : Joséphine Baker, star déchue mais indomptable, et Jean-Claude Brialy, dandy du cinéma et homme de cœur. Le duo d’artistes Clair Jaz et Franck Le Hen, auteurs et interprètes, signe ici une comédie dramatique sensible, rythmée et profondément humaine, où l’émotion ne s’oppose jamais à l’humour.
Un cabaret pour la mémoire
Paris, 1969. Joséphine Baker a tout perdu : son château, sa fortune, ses rêves de grandeur. Il ne lui reste que ses douze enfants… et une dignité à toute épreuve. C’est alors que Jean-Claude Brialy, jeune étoile du cinéma français, lui tend la main. Il lui propose de remonter sur scène dans son cabaret fraîchement racheté, La Goulue.
Ce geste devient le point de départ d’un retour aussi fragile qu’émouvant. Le spectacle s’ancre dans cette réalité historique méconnue pour tisser, entre lumière des projecteurs et ombre des coulisses, une fiction complice sur une amitié singulière, dans un monde du spectacle en pleine mutation.
Deux légendes, sans caricature
Le défi était de taille : faire revivre deux icônes sans tomber dans l’imitation. Clair Jaz et Franck Le Hen le relèvent avec grâce. Pas de pastiche ici, mais une incarnation tendre, malicieuse, vibrante d’authenticité. Leur duo fonctionne à merveille : la gestuelle, les intonations, la musicalité des dialogues rendent hommage sans figer.
Clair Jaz ressuscite la gouaille et la gravité de Joséphine avec une intensité retenue. Franck Le Hen, lui, laisse affleurer la nervosité élégante de Brialy. Le public rit, s’émeut, et sent battre le cœur de ces deux artistes cabossés par la vie, unis par une flamboyance commune.
Un théâtre de la mémoire et du combat
Ce qui frappe dans Jean-Claude et Joséphine, c’est sa capacité à conjuguer légèreté et gravité. La pièce regorge de moments de grâce, de chansons, de répliques ciselées (« Mon Panthéon fait 30 m² ! »), mais elle véhicule aussi une parole politique : sur le racisme, la vieillesse, l’effacement des femmes artistes. Elle parle d’engagement, de transmission, et surtout de solidarité.
Un théâtre de mémoire, oui, mais jamais poussiéreux. Une pièce qui, tout en regardant vers le passé, parle puissamment à notre présent.
Une mise en scène à hauteur d’humain
Coralie Baroux signe une mise en scène sobre et émotive. Un décor minimaliste, quelques projections d’archives, une bande-son évocatrice : il n’en faut pas plus pour faire exister l’époque. Chaque choix scénique met en lumière l’essentiel — le jeu, le texte, l’émotion. Le spectateur passe du rire aux larmes avec fluidité, guidé par une narration maîtrisée et un humanisme à fleur de peau.
Une expérience rare, sincère, et lumineuse
« Ce n’est pas un spectacle sur Joséphine, c’est un spectacle avec elle », résumait Marianne Zizen Baker. Et c’est bien là ce que propose Jean-Claude et Joséphine : un moment suspendu, entre cabaret et confession, entre histoire intime et mémoire collective. Un spectacle populaire au meilleur sens du terme, qui fait rimer théâtre et tendresse, engagement et lumière.
Un petit bijou de sensibilité, à ne pas manquer. Avis de Foudart 🅵🅵
Infos pratiques
Jean-Claude et Joséphine
Une pièce de Clair Jaz et Franck Le Hen
Mise en scène Coralie Baroux
Crédit photo Sandra Sanji
Théâtre de Passy
Jusqu’au 30 juin 2025 • Tous les samedis à 17h • Durée 1h30
En tournée dès septembre : Houlgate, Château des Milandes, Denain, Boisseuil…

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