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L’histoire d’une femme. Théâtre du Rond-Point

Dernière mise à jour : 19 mars 2021

J’aime énormément ce titre qui résume parfaitement cette pièce, car il s’agit bien de l’histoire d’une femme...mais il y a, comme toujours dans l’écriture de Pierre Notte que je découvre de plus en plus, de la malice.


Ici. L’histoire d’une femme. Un type passe à vélo, la drôle et lui mets une main aux fesses, claque violente. Elle tombe. Elle va se relever. Elle va raconter son histoire, son vécu, son expérience et progressivement parler de toutes les femmes, car, telle une Madame Bovary des temps modernes, son propos est universel. Je vais utiliser des mots que je déteste.

Sexisme ou misogynie ordinaires. La misogynie ne doit, ni peut être ordinaire.

Cette association est terrifiante et, pourtant la puissance du sujet vient bien du côté ordinaire, banal ou quotidien (pas toujours en fait), car Pierre Notte a eu le génie de glisser des monstruosités, forcément vécues, dans la banalité, comme des touches de couleurs sur des toiles impressionnistes.


Le théâtre du Rond-Point, temple de l’absurde, parmi bien d’autres qualités, propose ici une œuvre impressionniste par la force du verbe et les nuances de ton.


J’ai un coup de foudre pour Muriel Gaudin et son rythme très soutenu qui livre sa partition comme une pianiste. Avec précision, accélération et envolée. Il y a une forme d’urgence, d’effervescence, de cris, de rage et d’émotion brutale dans sa façon de nous dire son texte.

Des propos, à la fois drôles par moments, étranges, presque absurdes comme serait l’être la pensée humaine mais aussi effroyablement forts de sens.


Le débit donne de la puissance. La puissance, de la fragilité et la fragilité, de la force.

Ce texte a la construction extrêmement complexe déroute et bouscule et c’est très bien. Cela fait, même, un bien fou, en réalité.


En sortant, j’ai discuté avec une jeune femme chinoise qui m’a dit. « J’ai compris les mots. Je n’ai pas compris le sens ». Évidemment, il y avait la barrière de la langue, mais j’ai rétorqué spontanément, « moi aussi ».


J’ai adoré cette remarque qui en dit longue sur le travail d’écriture de Pierre NOTTE.

Sa façon très particulière de jouer avec les mots demande un certain effort…de spectateur.

Comme un bon vin, il faut laisser un peu de temps de décantation pour apprécier toute l’étendue des nuances proposées.


C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle, j’ai pris un peu plus de temps que d’habitude pour écrire. (Malgré l’urgence de l’actualité théâtrale et de vos attentes…mes petits fous).


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