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La campagne : Un « thriller domestique »

Elle, c’est Corinne, elle est mère au foyer et forme avec Richard, médecin, un couple qui semble solide et complice. Ils ont deux enfants et ont quitté les bruits de ville pour s’installer à la campagne. Tout pourrait être parfaitement harmonieux jusqu’à ce qu’un soir, tard, Richard ramène dans l’intimité de leur foyer, Rebecca, une jeune femme qu’il dit avoir trouvée inconsciente sur le bord de la route.


- Est-ce qu’elle est vivante ?

- Évidemment qu’elle est vivante.

Ça veut dire quoi, ce genre de question ?

- Eh bien, je ne sais pas, moi. Je ne sais pas si elle est vivante.

- Évidemment qu’elle est vivante. Elle dort.

(...)

- Parce que pourquoi l’as-tu amenée ici ? Pourquoi diable l’as-tu amenée ici ?

- C’est mon métier que de l’amener ici.

- Ton métier ! C’est ton métier d’amener une inconnue dans notre maison au milieu de la nuit ?


Les soupçons de Corinne s’installent. Rebecca est-elle vraiment une inconnue ? Son mari lui ment-elle ? Pourquoi Richard a-t-il annulé ses visites de l’après-midi ? et la vérité va-t-elle apparaître… ou pas !


L’atmosphère vire alors au polar noir, à la tragédie domestique révélant le poids inexorable du passé et les turpitudes du désir amoureux.



la thématique du couple, vu à la façon si singulière de Crimp

En partant de la configuration classique du trio : la maitresse, le mari et la femme, l'auteur anglais Crimp a construit une toute nouvelle matière dramaturgique « un puzzle dont il nous manquerait des pièces » qui ne livre ni une explication « technique » de ce qui s’est passé ni une fin mettant un terme à nos incertitudes.



On est happé et pourtant on y comprend rien !

À travers des dialogues étonnants et complexes merveilleusement traduits par Philippe Djian, qui s’organisent essentiellement comme un jeu de questions-réponses, les personnages se dévoilent un peu mais presque pas avec ce casse tête, ce traité analytique, universel et philosophique sur l'équilibre très fragile du couple.


« Que peut-on faire de mieux avec un texte de Crimp que d’en respecter les subtils équilibres ? »

Sylvain Maurice nous propose une lecture

passionnante du théâtre de Crimp qui surprend, déstabilise, réjouit ou laisse pantois.

Un théâtre qui fouille, avec un humour grinçant et une grande ironie les tréfonds obscurs des âmes, sans jamais esquiver la critique sociale et politique.


Une atmosphère banale qui côtoie très vite le mystère

Dans une scénographie d’une sobriété implacable, avec une musique simple fait de quelques notes,

autour d’une immense table en bois solide et quelques fleurs bucoliques, de hauts panneaux s’ouvrent et se referment en jouant avec l’ombre et la lumière.


Les trois comédiens parfaitement dirigés jouent sur le fil du rasoir

Yannick Choirat, au jeu si subtil, est pris en étau entre Corinne incarnée par une Isabelle Carré sidérante, aussi lumineuse que profondément émouvante et Rebecca jouée par Manon Clavel aussi énigmatique que fragile et inquiétante.


 

Est-on dans la perversion, la cruauté, dans la pensée, dans un cauchemar ou en pleine réalité ?

La campagne est une pièce étrange et envoûtante. Un huis-clos étouffant qui exhume les fantômes du passé, traque les conflits et les mensonges cachés. Avis de Foudart 🅵🅵🅵



 

LA CAMPAGNE

DE MARTIN CRIMP

TRADUCTION PHILIPPE DJIAN

MISE EN SCÈNE SYLVAIN MAURICE

AVEC ISABELLE CARRÉ,YANNICK CHOIRAT, MANON CLAVEL

Crédit Giovanni Cittadini Cesi



LA SCALA PARIS

Du 13 mai au 18 juin 2023


Spectacle vu au THÉÂTRE DU ROND-POINT


      

   

     

     



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