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La Corde – Un huis clos hitchcockien au Studio Marigny


🅵🅵🅵 FOUD’ART – Quand le rire cache le crime



Un crime sous les projecteurs


Louis et Gabriel, deux jeunes intellectuels arrogants, commettent un meurtre par pur défi, persuadés d’être supérieurs aux autres. Le corps de leur camarade repose dans un coffre, placé en plein milieu du salon, sous les yeux de leurs invités. Tandis que la soirée bat son plein entre mondanités et ironie acide, leur ancien professeur, Émile Cadell, commence à douter. Dès lors, chaque silence devient une menace, chaque réplique une arme.


Inspirée de Rope de Patrick Hamilton, immortalisée par Alfred Hitchcock en 1948, La Corde trouve au Studio Marigny une nouvelle incarnation sous la houlette de Guy-Pierre Couleau. Le thriller y devient miroir d’une époque où l’arrogance, le pouvoir et la banalisation du mal résonnent de manière troublante avec notre présent.



Entre Hitchcock et l’écho du présent


Adapter ce texte culte en 2025 n’est pas un hasard. Comme le rappellent Lilou Fogli et Julien Lambroschini, adaptateurs de la pièce, l’œuvre pose des questions toujours brûlantes : jusqu’où peut mener la fascination pour le pouvoir ? Comment l’intellect coupé de l’humain engendre-t-il la violence ?


Le choix de transposer l’action des années 20 aux années 50 s’avère pertinent : une époque encore marquée par les blessures de guerre mais déjà traversée par de nouvelles fractures sociales et morales. Cette atmosphère “film noir” colle au huis clos et accentue la mécanique hitchcockienne : l’élégance d’un salon, les éclats de rire qui masquent la folie, le charme vénéneux des apparences.



Quand la philosophie s’invite au théâtre


Dès Hitchcock, on sentait combien ce huis clos, conçu comme un plan-séquence, était fait pour la scène : un crime connu du spectateur dès le départ, et le suspense qui repose non pas sur le “qui” ni le “comment” mais bien sur le “pourquoi”. Patrick Hamilton a construit une pièce mathématique dans sa tension, philosophique dans son propos.


Le défi est double :

Parler aux jeunes générations en modernisant le texte sans le dénaturer.

Préserver la noirceur et l’ambiguïté qui font de Rope une réflexion sur l’arrogance et le surhomme nietzschéen.


Guy-Pierre Couleau mise sur un équilibre subtil : touches d’humour, tension continue, et un rire qui devient paravent de la folie meurtrière. Comme il le dit lui-même : « le rire cache heureusement assez mal la démence des hommes livrés à l’ivresse du pouvoir ».



Un casting prometteur mais inégal


Sur scène, on retrouve Myriam Boyer, Lucie Boujenah, Audran Cattin, Grégori Derangère, Martin Karmann et Thomas Ribière. Si Audran Cattin (Louis) et Thomas Ribière (Gabriel) tirent nettement leur épingle du jeu – incarnant à merveille la cruauté froide et l’arrogance malsaine – tous ne parviennent pas à être aussi énigmatiques qu’on l’espérait.


Le rôle pivot du Professeur Cadell, interprété par Grégori Derangère, reste le gage de la révélation morale du spectacle. C’est lui qui incarne la bascule entre fascination, doute et effroi.


La scénographie de Delphine Brouard et les lumières de Laurent Scheegans enveloppent le spectateur dans une atmosphère suffocante, héritée du film noir : un salon cossu, mais où chaque objet devient suspect, chaque ombre inquiétante.



FOUD’ART en sort avec…


🅵🅵🅵 – Une adaptation haletante et intelligente, qui réussit à conjuguer le souffle hitchcockien avec une lecture contemporaine. Le texte conserve sa mécanique implacable et son humour noir, mais certains choix de jeu manquent encore de mystère pour que la peur soit totale.


À voir pour son tendu huis clos, sa réflexion intemporelle sur le pouvoir et ses éclats de noirceur ironique. Un spectacle qui fascine par son audace.



Infos pratiques


LA CORDE

D’après la pièce « Rope » de Patrick Hamilton

Adaptation Lilou Fogli et Julien Lambroschini

Mise en scène Guy-Pierre Couleau

Avec Myriam Boyer, Lucie Boujenah, Audran Cattin, Grégori Derangère, Martin Karmann, Thomas Ribière

Scénographie Delphine Brouard • Lumières Laurent Scheegans • Musique et son David Parienti

Crédit photo ©Bertrand Exertier


Studio Marigny

À partir du 24 septembre 2025 • Du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 15h • Durée 1h40


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