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Les entretiens croisés : Hommage au cinéma rwandais

Madame Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat en charge du Développement, de la Francophonie et des Partenariats Internationaux auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, sera ce vendredi au festival du film francophone d’Angoulême, dans le cadre de l’hommage au Rwanda. Catherine Ruelle, journaliste politique et critique cinéma et Léo Kalinda, journaliste, cinéaste et réalisateur du très beau documentaire Mère courage.


CATHERINE RUELLE

« Ce qui est très intéressant avec cette rétrospective, c'est que cela nous permet d'apprécier non seulement l'histoire d'un pays qu'on connaît mal, mais aussi, celle de son cinéma.


Après que Marie-France Brière et Dominique Besnehard, invités par le réalisateur Gaël Faye, soient partis à Kigali pour faire un vrai travail d’exploration, avec l’aide de l’ambassade de France et de jeunes cinéastes, nous avons essayé de créer un programme cohérent sur un jeune cinéma qui a émergé juste après 1994.


Un survol du cinéma, mais aussi un survol de la situation politique et économique de toute une région

Dans notre rétrospective, on a des films qui vont de 2004 jusqu'à 2022. C'est assez impressionnant de voir qu'en quelques films, longs et courts métrages, on arrive à mieux appréhender l'histoire complexe de ce pays.


Au départ il y a eu des centaines de documentaires consacrés au génocide mais très peu de films rwandais. Ce n’est qu’après la création du Rwanda Cinema Center en 2001 par Eric kabera et son festival de cinéma de Kigali que se sont mis en place tout un tas de structures pour produire et accueillir des tournages de cinéma.


Le film 100 Days réalisé par Nick Hughes, britannico-rwandais date seulement de 2001

À cause de ce conflit terrifiant, les Rwandais ont émigré de façon forcée en Ouganda, au Burundi, au Zaïre, au Congo, et même, beaucoup plus loin encore, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada… Donc, il y a une grosse diaspora, une communauté éparpillée un peu à travers le monde. Cette rétrospective est aussi une façon de voir les films faits par des rwandais venant de l'extérieur du pays.


Les jeunes cinéastes « de l’intérieur » ont souvent d’autres visions, d’autres énergies.

Comme ils n'ont pas de références dans le domaine cinématographique, ils sont complètement libres en terme de traitement et d’esthétique et créent des formes totalement éblouissantes, sans aucune barrière, sans aucune contrainte. Leur propre vision du monde d'aujourd'hui, du Rwanda d'aujourd'hui, de la société actuelle.


Avec, notamment, des films tout à fait étonnants, comme L'Indomptable feu du printemps, le premier film de Lemohan Jeremiah Mosese ou Rafiki de la Réalisatrice Wanuri Kahiu, un film sur la jeunesse moderne africaine et ses tensions, j’ai même envie de dire qu’ils forment un mouvement important dans toute l'Afrique de l'Est ».




 

Léo Kalinda s’est retrouvé, en 1973, apatride de son propre pays. Il n’a jamais eu de passeport rwandais et a perdu, durant le génocide, plus de 30 personnes de sa famille dont sa mère et ses trois frères.

Installé ensuite au Québec, il est l'un des premiers journalistes d'origine africaine à avoir travaillé pour de grandes stations de radio et son travail journalistique, durant le génocide rwandais, l'a propulsé sous les feux de la rampe.


LÉO KALINDA

« ce n’était pas un conflit traditionnel, mais plutôt l'exemple typique d'un massacre de masse, un génocide.

Les tueurs et les victimes sont les mêmes, sans distinction de race, de classe, de géographie ou de sexe.


En seulement trois mois, 1 million de Tutsis ont été massacrés par leurs compatriotes. 

Mais les causes de ce génocide remontent très loin. Elles prennent leur source très clairement à la période coloniale. Hutus et Tutsis n’étaient pas des peuples différents, ils avaient la même religion, le même Dieu, la même culture et la même langue. C’est la colonisation belge qui s’est appuyée, à un moment donné, sur la caste des Tutsis et c'est à partir de ce moment là qu'a lieu le premier massacre puis les premiers exils ».







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