Benjamin Abel Meirhaeghe, à seulement 27 ans, est déjà un metteur en scène de spectacles reconnu avec plusieurs réalisations à son actif. En plus de cela, il est l'un des directeurs artistiques du Toonelhuis d'Anvers. Contre-ténor, interprète et metteur en scène de spectacles lyriques, musicaux et visuels, Meirhaeghe est réputé pour sa créativité débordante et son audacieux mélange des genres. Il contribue à promouvoir la scène artistique belge et repousse les limites de l'opéra et du ballet.
Son dernier spectacle, intitulé A Revue, est un cabaret rétro-futuriste qui nous transporte dans un monde où nous sommes projetés deux mille ans dans le futur. Les habitants de la Terre organisent une revue nocturne où des numéros musicaux et de danse couvrent une période allant du Moyen Âge jusqu'à l'année 4020. Que ce soient des demi-humains, des extraterrestres ou des androïdes, les protagonistes réalisent cette revue dans l'espoir de mieux comprendre le passé et de s'y connecter. Le spectacle interroge les sources et les artefacts avec lesquels ces créatures interagiront : partitions musicales, vinyles, CD, costumes, décors, pistes numériques, clips vidéo musicaux. Comment ces créatures déchiffreront-elles, interpréteront-elles et façonneront-elles ce matériel avec leurs (in)capacités ?
Chanteurs, instrumentistes, danseurs, performeurs et artistes visuels construisent ensemble un nouveau monde en plongeant dans l'histoire de la musique
Ils recherchent la puissance brute de la voix et du corps. Le théâtre devient alors une machine à remonter le temps, à la fois nostalgique et révolutionnaire.
L'idée de départ d'A Revue est une réflexion exercée par la science-fiction, à moins qu'on ne la regarde autrement. Les extraterrestres dont il est question sont en réalité nous-mêmes, chaque fois que nous tentons de donner un sens aux artefacts du passé. Qu'il s'agisse d'un musicien essayant de déchiffrer une mélodie médiévale à partir d'une série de boucles sur un parchemin, d'une soprano chantant un air baroque du XVIIe siècle avec une partition sommaire, d'un musicien de jazz improvisant sur une progression d'accords standard, d'un touriste parcourant le Forum Romanum et essayant de reconstituer une maison de temples disparus, ou d'un architecte découvrant une histoire derrière chaque petit fragment d'un vase brisé. « Chaque interaction avec les traces du passé est une quête dans l'obscurité. La non-compréhension et l'aliénation nous rendent tous étrangers dans l'histoire de l'opéra et au-delà », déclare Benjamin Abel Meirhaeghe.
En nous transportant dans ce monde rétro-futuriste, l’artiste défie les conventions et nous plonge dans une expérience visuelle et auditive captivante.
Il a sélectionné des morceaux emblématiques de différentes époques et les a transformés en un matériau musical qui sert de fondement à ce nouveau monde qu'il a créé avec son équipe. Le répertoire ainsi choisi met en valeur toute la gamme des possibilités musicales, des airs baroques de Claudio Monteverdi aux compositions contemporaines des musiciens pop.
L'audace de Benjamin Abel Meirhaeghe se reflète également dans ses choix de scénographie, d'éclairage et de costumes. La scène se présente comme une ruine désolée où des structures métalliques brillantes rappellent les formes d'objets du passé.
Chaque acte de la revue est accompagné d'une mise en scène unique, créant ainsi un paysage visuel fascinant.
Mais c'est peut-être le corps de ballet qui incarne le mieux la vision de Benjamin Abel Meirhaeghe. Les danseurs, autrefois relégués au rôle de soutien, deviennent le centre de l'attention, formant un corps céleste fluide et sans genre défini. Ils symbolisent la société futuriste et permettent d'explorer des thèmes tels que l'égalité des genres et la fluidité de l'identité.
Benjamin Abel Meirhaeghe, avec son énergie contagieuse et son talent indéniable, nous bouscule mais réussit à nous captiver tout au long de la revue. Sa capacité à mélanger les genres musicaux, à repousser les limites de la scène et à créer une expérience immersive est remarquable.
Avec A Revue, un mélange audacieux de baroque et de rock, empreint de folie et de sensualité, Benjamin Abel Meirhaeghe bouleverse les conventions et nous offre une expérience artistique inoubliable. Son approche novatrice de la musique, de la danse et de la narration est captivante et ouvre de nouvelles perspectives dans le monde de l'opéra et du ballet. Avis de Foudart 🅵🅵
A REVUE
Un spectacle de Benjamin Abel Meirhaeghe
Texte et Dramaturgie Louise van den Eede
Dramaturgie musicale Katherina Lindekens, Lena Meyskens
Composition Laurens Mariën, Jasper Segers
Piano Maya Dhondt
Avec Ellen Wils, Maribeth Diggle, Arnout Lems, Hanaka Hayakawa, Dolly Bing Bing, Simon Van Schuylenbergh, Jelle Haen, Bjorn Floreal, Sophia Rodriquez, Oriana Mangala, Adrien De Biasi, Eurudike De Beu, Lionel Couchard
Artistes visuels Julian Weber, Sietske van Aerde, Daan Couzijn, Benjamin Abel Meirhaeghe Costumes Benjamin Abel Meirhaeghe, Julian Weber, Sietske van Aerde Maquillage Jelle Haen
Scénographie Bart van Merode, Julian Weber
Lumières Bart van Merode
Crédit photo Fred de Brock
GRANDE HALLE La Villette
211 avenue Jean-Jaurès
Du 28 au 30.06.2023
Tlj 20h Durée 1h50 • Spectacle conseillé à partir de 16 ans
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