Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 Une télé tourne en boucle sur les commentaires de journalistes sportifs. Une femme, une princesse impatiente, se lave les mains, écoute et dit « Je te vois, Max, et je décide de t’offrir ton salut. »
Elle part le chercher. « Je monte sur ma moto, je traverse les mers. » Elle le trouve, le ramène chez elle. Ils font l’amour et elle le tue.
« Il n’y a rien de personnel, Max, les femmes sont des putains meurtrières. »
Des putains meurtrières est un long poème de Roberto Bolaño qui transforme l’anecdote, le fait divers en tragédie. Qui met de la beauté dans un meurtre abject, de la poésie dans l’horreur.
Pourquoi ce meurtre ?
Les raisons ne sont jamais évoquées. Il ne s’agit pas de vengeance mais plutôt de sacrifice.
Une femme nous parle de la mise à mort d´un homme blanc. Cet homme qui a opprimé les peuples depuis la nuit des temps et qui a soumis la femme.
On retrouve ici l’ancien mythe du bouc émissaire. Cette bête innocente choisie au hasard pour endosser la faute, la culpabilité du monde...
Cette femme seule, se confie, raconte, parle de sa violence, de sa solitude, mais aussi de sa fragilité.
Tu ne m’as pas écoutée, Max. Tu n’as pas saisi mes paroles entre les gémissements. Extrait
Pour Julie Recoing, le théâtre est aussi un espace cathartique qui peut permettre un rite expiatoire. Une façon de parler des femmes quelles soient vengeresses ou sacrificielles, qu’elles soient assassines ou assassinées.
La voix de Julie Recoing, son rythme, à la fois soutenu et fragile et la mise en espace très sobre mais passionnante, transcende encore la beauté absolue de ce texte merveilleux et pourtant horrible.
Envahit par la projection de grands portraits de rois et de reines catholiques qui évoquent la société l’occidentale et apporte un côté baroque empreint de renaissance, on assiste à cette mise à mort télévisuelle. On est choqué et on est éblouis !
DES PUTAINS MEURTRIÈRES
D’après ROBERTO BOLAÑO Mise en scène Julie Recoing
Avec Julie Recoing
Collaboration artistique Pauline Huruguen et Emmanuel Pic
Conseillé dramaturgique Thierry Jolivet
Création sonore Mathilde Weil, Krishna Lévy et Jean-Baptiste Cognet
Création lumière Emmanuel Pic
Création vidéo Achille Vanony
Photo © Pauline Le Goff
Durée estimée 1h
Les plateaux sauvages / FABRIQUE ARTISTIQUE ET CULTURELLE de la ville de paris
5 rue des plâtrières, 75020 paris
DU 1er AU 14 OCTOBRE
DU LUNDI AU VENDREDI À 20H ET LE SAMEDI À 17H
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