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"James Brown mettait des bigoudis": entre humour et mélancolie

Dans James Brown mettait des bigoudis, Yasmina Reza, dramaturge réputée pour sa capacité à entrelacer légèreté et profondeur, dévoile une comédie du quotidien qui se mue habilement en une exploration sérieuse de la condition humaine. Avec une poésie et une fantaisie touchantes, elle nous invite à méditer sur notre perception de la différence dans un univers à la fois nuancé et brillamment mis en scène.


Jacob Hutner, personnage que nous avons déjà rencontré dans Heureux les heureux de Yasmina Reza, trouve ici une nouvelle vie. Placé dans une maison de repos, celui qui se voit en Céline Dion se lie d'amitié avec Philippe, un homme blanc qui s’identifie comme noir. Ignorant leur niveau de déraison, ou même s'il en existe un, ils sont soutenus par leur psychiatre dans leur quête d'identité singulière, soulevant des questions profondes sur la construction de notre identité et le rôle des modèles dans l'établissement du soi.



Entre Rires et Réflexions Profondes

"C’est une fantaisie, au sens musical du terme, sur l’identité ou la différence – à votre guise. Beaucoup nous échappe. Je ne voudrais pas donner ici des clés qui n’en sont pas." Le théâtre de Reza est caractérisé par un métissage subtil, où genres, langages et préoccupations de divers degrés de gravité s'entrelacent.


Dans Yasmina Reza. Le miroir et le masque, publié aux Éditions Léon Scheer, Alice Bouchetard décrit parfaitement une écriture qui flirte subtilement avec les règles d’Aristote tout en embrassant une avant-garde théâtrale, suscitant une réflexion poignante sur l’identité et la différence, habilement voilée par un masque de comédie quotidienne.


À travers cette hybridation narrative, les protagonistes évoluent dans un univers où genres, langages et questions existentielles s'entremêlent et interagissent dans un ballet subtil d'émotions et de pensées.

La pièce devient alors un miroir où les questions "De quoi sommes-nous construits ? De qui sommes-nous faits ?" nous offrent non pas des réponses, mais un espace pour nous questionner.


Les cinq comédiens, accompagnés du musicien Joachim Latarjet, matérialisent l'histoire sans apporter de solutions prédéfinies, nous laissant un arôme énigmatique de questionnements et de fantaisie poétique. Menés par Micha Lescot d'une féminité troublante, Alexandre Steiger avec ses combats, ou encore Christèle Tual en psychiatre fantasque, tous semblent figés dans une forme de ridicule, à l'exception des parents, perdus dans leur mal-être (Josiane Stoléru et André Marcon), qui, issus d’une génération plus raisonnable, traversent ces excentricités accrochés à leur bon sens pratique.


Bien que certaines scènes soient parfois inégales en termes d'intérêt, la qualité de la mise en scène et des acteurs sublime le tout. James Brown mettait des bigoudis est une symphonie mélangeant l'hilarité à la souffrance, la légèreté à la profondeur, et explorant les identités, le genre et la parentalité.


 

Laissons-nous alors entraîner dans le sillage énigmatique de questionnements et de fantaisie poétique de Reza. Dans un monde où les certitudes s'effritent et où les identités sont constamment redéfinies et remises en question, son théâtre nous invite à nous asseoir, à rire, à ressentir et à réfléchir - non pas pour découvrir des réponses, mais peut-être pour apprendre à vivre avec nos questions. Avis de Foudart 🅵🅵🅵


 

James Brown mettait des bigoudis

Texte et mise en scène Yasmina Reza

Avec Micha Lescot, André Marcon, 

Alexandre Steiger, Josiane Stoléru, Christèle Tual et le musicien Joachim Latarjet Scénographie et lumières Éric Soyer

Création vidéo Renaud Rubiano

Photo Pascal Victor


THÉÂTRE LA COLLINE

Du 19 septembre au 15 octobre 2023 • Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30 • sauf les dimanches 1er et 8 octobre à 16h30 • relâche dimanche 24 septembre• durée 1h45


Du 27 mars au 5 mai 2024 au Théâtre Marigny





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