top of page

La croisade

Dernière mise à jour : 21 janv. 2022

Entre humour et pertinence politique

Lorsque Jean-Claude Carrière a présenté l’idée de ce film à Louis Garrel, celui-ci n’y a pas cru tout de suite. Il trouvait que l’idée d’adolescents s’emparant d’écologie, ne sonnait pas juste et était assez peu crédible.


Puis, une adolescente suédoise, se mobilisa et entama une grève de la faim. C'était Greta Thunberg.

Quatre mois plus tard, il y avait toutes ces manifs de gosses. On peut dire que Jean-Claude a été prophétique ! Louis Garrel

Abel et Marianne découvrent que leur fils Joseph, 13 ans, a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Ils comprennent rapidement que Joseph n’est pas le seul, ils sont des centaines d’enfants à travers le monde associés pour financer un mystérieux projet. Ils se sont donné pour mission de sauver la planète.


La croisade ne se veut, pas forcément, être un film militant

La croisade est le troisième long-métrage de Louis Garrel après Les deux amis et L’homme fidèle.

Quand j´ai commencé ce film, ce n'est pas du tout par militantisme. Je n'ai pas fait ce film en disant au spectateur « il faut absolument écouter ces gentils enfants ». Louis Garrel

Après s’être documenté, Louis Garrel s’est aperçu que dès 1890, Ferdinand de Lesseps (qui a construit le canal de Suez) s’était déjà intéressé à l’idée de faire rentrée l’eau de la mer dans le désert algérien et Jules Verne a aussi écrit un livre qui s’inspire de ce projet, L'Invasion de la mer.

Le projet de ces jeunes dans le film, n’est donc pas si irréaliste !

Avec beaucoup d’humour, Louis Garrel tente d’amener un peu de réflexion par le biais du divertissement, permet de stimuler les consciences et de réfléchir sur l’écologie et la place des jeunes dans notre monde, avec une extrême douceur.

Avec l'humour, on ouvre plus de portes chez les gens. Louis Garrel

Joseph Engel, ce jeune merveilleux comédien au charme certain qui porte totalement le film sur ses épaules est magnifiquement entouré par Louis Garrel, en père complètement dépassé, Laetitia Casta, en mère compréhensible.


 

Avec de très jolis moments et une première scène hilarante, cette comédie qui pousse un peu les ficelles est trop courte mais le résultat est particulièrement tendre, rafraîchissant et jamais grotesque. Entre conte utopique et pamphlet politique, La traversée est un film pour la famille, tout simple et très bien écrit, assez proche des comédies de boulevard au théâtre et plein de belles vibrations et de poésie. Avis de Foudart 🅵🅵🅵


J'espère que tout le monde rigole. Si les gens rient, ça veut dire que tu as touché un endroit qui est juste.


 

Interview de Louis Garrel et de Laetitia Casta



FREDERIC BONFILS. Je crois que ce film a été écrit bien avant la vague d’écologisme actuel ?
LOUIS GARREL. personnellement, ce n’était pas du tout mon cheval de bataille de faire un film militant. Un jour Jean-Claude Carrière m'a dit « Regarde, j’ai écrit une première scène de film, dis moi ce que tu en penses » Je l’ai trouvée brillante, mais à la fin de la scène, le thème sur les enfants qui se passionnent pour l'écologie et le changement climatique est présenté.
« Jean-Claude, mais c'est faux, c'est pas vrai, ça n'existe pas. Des enfants qui, tout d'un coup, penseraient à ça. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas du tout. » J'en parle autour de moi. on me dit la même chose « Ça me gêne. Les enfants, c'est pas ça. » Jean-Claude est un peu vexé, mais il continue de travailler le scénario… et puis arrive Greta Thunberg, en Suède, il y a trois ans. Après sa grève de la faim, tout est parti très vite, les manifs… Je me suis dis « Bon, prenons le sujet, il y a un truc à faire » 

C’est fou ! Je vous l’assure. Quand, il y a 3 ans, j'en parlais aux gens, ça faisait film de science fiction !
Ça aurait pu être un film d'anticipation ?
Oui. Jean-Claude était un visionnaire ! Il me disait de faire ce film rapidement « Autrement, on vas avoir l'impression que tu cours après le réel »

Mais je ne voulais pas du tout faire un film qui donne des leçons de morale. Je voulais trouver une dynamique différente, D'où la comédie. On s’est dit avec Jean-Claude qu’on ouvrirait plus de portes si on faisait rire mes gens.
Oui c’est bien et c’est nouveau car les films sur ce sujet donnent, quand même, pas mal de leçons.                                  
Laetitia, dans la première scène, je vous trouve vraiment très drôle. Je me suis dit que ça pourrait être une belle scène de théâtre. 
LAETITIA CASTA. Oui. On l’a tourné comme ça, en plan séquence. Abel et Marianne est un couple bien installé dans un bon confort bourgeois à qui il va arriver des choses extraordinaires par couches successives et ça devient comique.
LOUIS GARREL. Marianne évolue assez vite, mais Abel reste coincé là où il est. 
LAETITIA CASTA. Louis se donne toujours des beaux rôles (Rire). Il est une sorte de clown dans le film. Il est complètement dépassé par la situation. 
Oui votre personnage est complètement à la ramasse ?
LOUIS GARREL. (Rire) Nous avons voulu faire un film dans le style d’une comédie de boulevard, une fable écologique, une fable utopiste et un film d'aventure. On avait envie de mélanger plein de petites formes différentes. 
Un film où les enfants auraient l'air plus logique, plus épanouis et même surpuissants ?
Oui ils sont surpuissants car en ce moment les scientifiques leur disent « il y a une merde qui va nous tomber dessus dans 30 ans si rien ne bouge ! »  30 ans, c'est pas loin ! Je pense qu’il faut déléguer beaucoup à la jeunesse, maintenant, sinon, on n'y arrivera pas ! Avec ces jeunes on a des mini « Einstein », des mini « Galilée ». Servons nous en !
Il y a cette scène aussi assez intéressante sur le déjeuner avec les amis, qui est à la fois très drôle, et assez anxiogène. 
LAETITIA CASTA. Il y avait cette volonté de montrer le fossé des générations.
LOUIS GARREL. Historiquement, on fait face à un gap énorme qui n'a jamais été aussi grand entre deux générations. En 68, il y a eu un gap sur la libération sexuelle, sur la façon de vivre sa sexualité, ses histoires d’amours. 
Là, c'est vraiment plus violent. 
Les jeunes gens disent « On n'a pas envie de crever, on a pas envie de ne pas avoir les droits que vous avez eus. La beauté de la nature, vivre dans l'insouciance… Jean-Claude ne voulait pas trop, mais moi, je tenais vraiment à la scène du rêve de Joseph. Je rêvais que Joseph me tue. (Rire) Vous savez. Je pense qu'à un moment donné, si rien ne se passe, ça va devenir violent. Il va y avoir une violence infantile, c'est sûr. (Rire)
Pourquoi une fin optimiste ?
LAETITIA CASTA. On avait vraiment envie de finir avec une fable utopiste. C’était une question de charme, avant tout. Vous savez, au début, les enfants croient en leur projet. Puis, la mère est convertie - Le père aussi, mais peut-être plus par amour et par peur de se faire abandonner - et finalement, c'est le film qui finit aussi par y croire.  
Durant toutes ces années, Qu’avez-vous appris de Jean-Claude carrière ? 
LOUIS GARREL. En tant que scénariste, il y avait une chose très importante qu’il répétait tout le temps - qu’il tenais de Tchékhov, je crois - « Les personnages ne se définissent pas par une psychologie préétablie, mais par leurs actions. Les personnage sont définis par ce qu'ils font. »
On cherche toujours une logique ou une une cohérence psychologique, mais dans la vie, on agit avant tout. La plupart du temps, on ne fait pas en fonction de ce qu'on pense. On agit par réaction et on s'accorde après. 
Et pourquoi c'est si court ? (1h06) 
LOUIS GARREL. Coluche disait « Les films, c'est bien, mais y a toujours une heure de trop ! »
Merci à vous. Merci beaucoup

Propos recueillis lors d’une table ronde en présence d´Aymeric Dugénie « Close-up », Victorien Daoût « Culture aux trousses », Tristan Duval-Cos « Zone Critique »

 

La Croisade

Un film de Louis Garrel

Scénario Jean-Claude Carrière et Louis Garrel

Avec Laetitia Casta, Joseph Engel et Louis Garrel

AU CINÉMA, LE 22 DÉCEMBRE 2021

FRANCE • 2021 • DURÉE 1H06

Festivals Festival de Cannes 2021 - Le Cinéma pour le climat






58 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout
foudart_logo_edited.png
bottom of page