
Le Toit du Monde : un polar intime en terrain miné
- Bonfils Frédéric
- 3 juil.
- 2 min de lecture
Secrets, silences et résistances dans un huis clos bouleversant
Dans le Paris de l’après-guerre, deux frères que tout oppose se retrouvent au bord du gouffre. Entre thriller, mémoire et amour interdit, François Rivière signe une pièce audacieuse, tout en tension et en émotion.
Un polar scénique, tendu comme une corde
Un commissariat, une photo, une question. Henry Vernot cherche son frère Antoine, disparu pendant la guerre. Et pour le retrouver, un indice : un tableau intitulé Trois biches au fond des bois. Mais la piste n’est qu’un prétexte. Très vite, Le Toit du Monde glisse vers un drame familial noué autour de la mémoire, du secret, et de l’identité.
Avec un décor ingénieux fait de cagettes mobiles, François Rivière construit une mise en scène fluide, presque chorégraphique, qui traverse le passé sans jamais s’y figer. Le suspense est maîtrisé, l’émotion est là, sans pathos. Un polar scénique captivant, où le moindre silence est une confession.
Une partition à deux corps et mille visages
Ils ne sont que deux, mais ils sont partout. Romain Poli, solide et touchant dans le rôle d’Henry, porte le fil de la narration avec une intensité intérieure remarquable. Malou Gilbert, lui, explose : il incarne à lui seul le frère Antoine, un amant, un SS, un policier… avec une aisance caméléon bluffante. Leur duo est d’une précision rare, entre tension contenue et pulsations affectives.
Mention spéciale à la scénographie de Romane Perron, qui permet à l’espace de muter en quelques secondes, et à la lumière de Sarah Dancer, qui sculpte l’intime et l’urgence.
Une histoire d’hommes, d’amour et d’engagement
Sous la surface du thriller, c’est un drame humain qui se joue. Un récit d’amour homosexuel, de fraternité fracturée, de mémoire juive et de résistance. Le Toit du Monde ne crie pas, il murmure des vérités douloureuses, enfouies sous les décombres de l’Histoire et les replis de la honte.
L’écriture de François Rivière est fine, sensible, jamais démonstrative. Elle touche juste. Et cette phrase, que l’on retient longtemps après la fin :
« Les choix que nous faisons résonnent dans l’éternité. »
Avis de Foudart 🅵🅵🅵
INFOS PRATIQUES
Le Toit du Monde
Texte & mise en scène François Rivière
Avec Romain Poli & Malou Gilbert
Scénographie Romane Perron • Lumières Sarah Dancer • Son Lucien Pesnot
Crédit photo © Jérôme Poli
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