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Ancora Tu : Un bijou de théâtre sensoriel, entre autofiction, rituel et flirt


Un tableau noir. Des mots à la craie. Un comédien seul, magnifique, qui joue à reconstituer les morceaux d’un amour envolé. Avec Ancora Tu, Salvatore Calcagno signe une forme élégante, vibrante, sexy et pleine de grâce sur la mémoire amoureuse. Un solo habité par Nuno Nolasco, bouleversant et malicieux. Un théâtre queer et délicat, où la douleur devient beauté, et l’absence, un jeu partagé.



L’amour comme fiction vivante


Il y avait un spectacle à écrire, mais Salvatore est parti. Ne reste que Nuno, son amant, son partenaire, son double peut-être. Le projet s’est effondré. L’amour aussi. Alors, sur scène, Nuno tente de « faire ses valises », de classer les souvenirs, d’ordonner le chaos. Pour cela, il s’adresse à nous, spectateur·ice·s devenu·e·s confident·e·s, allié·e·s, complices.


Sur un grand tableau, des mots griffonnés : Pizza Ristorante, Mes adieux, Dancing on my own… Chaque mot est une clé, une archive, une amorce de souvenir que le public choisit au hasard. Et Nuno déroule. Avec humour. Avec tendresse. Avec décalage. Et parfois, en douce trahison, il bifurque. Car ce n’est pas le bon mot, ou parce qu’il n’a pas envie. Parce qu’aimer, c’est aussi mentir un peu.



Une partition sensorielle


Calcagno, fidèle à sa compagnie garçongarçon, compose ici un « théâtre de portrait » à la croisée du cinéma, de la musique et de l’autofiction. Ancora Tu est une œuvre baroque et fragile, portée par le tempo d’un cœur brisé qui bat encore. Les ruptures de ton – entre mélancolie et second degré, entre lambeaux d’intime et pop queer assumée – sont autant de respirations maîtrisées.


La scénographie est minimale, mais la lumière et les archives vidéo créent un écrin délicat aux errances de Nuno. Ce dernier, tour à tour toréador disco, petit garçon perdu ou prince cabossé, danse, chante, rit, joue – et parvient à convoquer, sans pathos, l’ombre lumineuse de l’amoureux absent.



Autofiction incarnée, désir en fragments


Ce qui touche, au fond, dans Ancora Tu, c’est moins l’histoire racontée que la manière dont elle nous regarde. Ce théâtre du souvenir n’est pas un repli narcissique. Il devient espace partagé. Tout le travail de Nuno Nolasco – d’une justesse rare – consiste à nous faire croire qu’il improvise, qu’il hésite, qu’il trébuche. Mais tout est là : sous le vernis de l’accident, un vertige parfaitement maîtrisé.


Et puis il y a le désir. Le désir de revivre, de séduire, de rejouer. Un désir queer, jamais fétichisé, qui circule entre le public et la scène, entre l’acteur et ses spectateurs. Un flirt permanent avec le fantôme du passé. Un jeu avec l’intime, joyeux et cruel à la fois.



Un théâtre qui soigne par le trouble


À la fin, reste cette question : que reste-t-il de l’amour quand il s’éteint ? La mémoire ? Le théâtre ? La beauté du geste ? Avec Ancora Tu, Salvatore Calcagno propose une réponse pudique et flamboyante : il reste la possibilité de rejouer. Non pas pour effacer, mais pour honorer. Non pour expliquer, mais pour frissonner encore. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵



Infos pratiques


Ancora Tu

Texte : Salvatore Calcagno & Dany Boudreault

Mise en scène : Salvatore Calcagno

Interprétation : Nuno Nolasco


Festival Off Avignon 2025

Théâtre du Train Bleu • 5 au 24 juillet à 17h25 (relâches les 11 et 18) • Durée : 1h10 – Dès 14 ans





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