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WASTED (Fracassé·e·s) – Le dernier jour du reste de leur vie

Dernière mise à jour : il y a 13 minutes



Trois amis, dix ans après. Une nuit pour tout remettre en jeu.


Ted, Charlotte et Dan fêtent les 10 ans de la mort de Tony, leur ami de toujours. Mais plus que l’absence, c’est un autre deuil qui surgit : celui de leurs rêves d’ado. Une jeunesse fracassée, des idéaux qui s’effilochent, un avenir devenu flou.

Qu’ont-ils fait depuis ? Rien, ou si peu. Installés sans l’être, vivants à peine.

Et cette nuit-là, shootés à la coke et à l’alcool, ils décident peut-être de tout envoyer valser. Repartir à zéro. Mais en sont-ils vraiment capables ?



Une jeunesse en clair-obscur


Dans WASTED, Kae Tempest compose un poème de la désillusion, un texte brut et doux, incandescent et mélancolique. La langue claque, tangue, vacille entre quotidien prosaïque et fulgurances poétiques.

La mise en scène de Martin Jobert ne cherche pas l’effet. Elle sublime l’ordinaire. Elle rend tangible ce vertige de vivre à l’âge où l’on croyait déjà avoir tout raté.


On pense à Trainspotting, à Skins, à nos propres déroutes.

Ce sont des jeunes adultes, et pourtant déjà fatigués. Des êtres désorientés, qui oscillent entre cynisme et désir d’y croire encore.


“Célébrer Tony, c’est surtout faire le deuil de l’ancien futur glorieux.”



Une scénographie épurée, un texte vibrant


Un plateau quasi vide, un monolithe lumineux en guise de décor : à la fois tombe, stèle urbaine et totem des illusions perdues.

Tout autour, les corps se figent, la parole fuse, la lumière glisse. Rien n’est naturaliste ici, mais tout est incarné. Les addictions sont symbolisées par des jets de paillettes. La drogue devient métaphore, la fête devient fuite.


Et dans cet entre-deux vacillant, une musique baroque -composée par Raphaël Mars - s’infiltre, mystérieuse, presque mystique.

Un contrepoint bouleversant à l’esthétique urbaine du texte. Une voix chantée plane comme un fantôme, peut-être celui de Tony. Elle agit comme une mémoire sonore, un ange gardien perdu dans la nuit.



Trois voix, une génération


La distribution alterne selon les jours, mais les comédien·nes partagent une même intensité, une même énergie brute. Ils incarnent des figures trouées par la lucidité, tiraillées entre le confort d’une vie stable et le manque existentiel.

La langue est directe, quotidienne. Mais les chœurs en anglais, proches du spoken word, ouvrent une faille poétique.

C’est dans ces moments suspendus que le texte de Kae Tempest prend toute sa dimension : générationnelle, intime, lucide.



La médiocrité sublimée


Martin Jobert réussit ce pari rare : rendre bouleversante la banalité.

En mêlant confidences brisées, monologues crus et envolées lyriques, WASTED devient une fresque miniature, un théâtre de l’errance contemporaine.

Ce n’est pas un spectacle qui assène, c’est un spectacle qui écoute. Et qui laisse l’écho durer.


“Non, je ne serai pas le plus jeune oscarisé de l’histoire. Je ne poserai pas pour Vanity Fair. Je serai intermittent. Et c’est déjà pas mal.”



À peine trente ans, et déjà à bout de souffle.

Mais dans ce théâtre habité par la tendresse et la rage, la jeunesse n’est pas vaincue : elle se débat, elle éclaire, elle émeut.

WASTED nous parle à l’endroit le plus sensible : celui de nos rêves enfuis, de nos renoncements, et de nos petites victoires.

Un moment d’intensité rare, qui sublime les failles.

Avis de Foudart 🅵🅵🅵



Infos pratiques


WASTED (Fracassé·e·s)

Texte Kae Tempest

Mise en scène Martin Jobert

Avec (en alternance) Simon Cohen, Tristan Pellegrino, Kim Verschueren, Chloé Zufferey

Musique originale Raphaël Mars

Lumières Gautier Le Goff • Costumes Juliette Chambaud • Son Simon Garrette

Crédit Photo © Gulliver Hecq


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