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Jérusalem - Quand l’intime se fait Histoire


🅵🅵 FOUD’ART - Un voyage théâtral entre mémoire et réconciliation



Une maison comme champ de bataille symbolique


Shahid doit quitter sa maison de Jérusalem. Le tribunal a tranché : les clés reviennent à Delphine Lachance, jeune femme juive canadienne venue de Montréal, unique propriétaire reconnue. Tout pourrait s’arrêter là, dans un affrontement juridique sec et brutal. Mais Ismaël Saidi choisit d’ouvrir une brèche : en ce jour d’éclipse solaire, l’âme des ancêtres refait surface et propulse Shahid et Delphine dans un vertige temporel.


Le conflit intime - un héritage contesté, une maison disputée - devient alors la métaphore d’un conflit plus vaste : celui de la mémoire, des exils forcés, de l’appartenance et de la douleur transmise. À travers le prisme de cette demeure, c’est l’Histoire entière qui résonne : du ghetto de Varsovie à la Nakba, de la Shoah aux guerres israélo-arabes.



Quand les ancêtres parlent à travers nous


La trouvaille dramaturgique d’Ismaël Saidi - faire ressurgir les ancêtres dans le corps des vivants - surprend d’abord par son audace. Le procédé pourrait paraître artificiel, mais il fonctionne : l’alternance entre présent et passé, entre voix contemporaines et fantômes, permet de relier les douleurs de deux peuples, sans simplification outrancière.


La mise en scène reste volontairement sobre. Quelques lumières (signées Sébastien Roman) et un travail sonore précis (Alexandre Barthelemy) suffisent à créer les passages entre les époques. Pas de grands effets visuels, mais une intensité dramatique qui repose sur le jeu des comédiens et l’imaginaire du spectateur.



Un duo d’acteurs possédés


Sur scène, Ismaël Saidi et Fiona Lévy incarnent avec puissance cette galerie de personnages, oscillant entre les contemporains et les figures ancestrales. Leur capacité à basculer d’un état à l’autre - d’un jeune couple d’aujourd’hui à des survivants de la Shoah ou à des exilés palestiniens - impressionne.


La comédienne, notamment, livre une performance habitée : ses transitions, parfois abruptes, donnent une impression de possession qui bouleverse. Le spectateur assiste à une véritable métamorphose, où la douleur des aïeux envahit les corps vivants.



Entre didactisme et souffle poétique


La pièce a parfois ses lourdeurs. Le canevas narratif, fondé sur l’alternance entre présent et passé, peut devenir répétitif. La voix de Delphine semble parfois prendre le pas sur celle de Shahid, déséquilibrant légèrement l’ensemble. L’accumulation de drames historiques finit aussi par peser, malgré quelques respirations d’humour ou de tendresse qui viennent alléger le récit.


Mais c’est précisément ce mélange de tragique et de moments plus légers qui permet à Jérusalem de toucher juste. On n’est pas dans une leçon d’histoire, encore moins dans une simplification manichéenne : Saidi invite à écouter, à ressentir, à se laisser traverser par la mémoire.



Résonances et nécessité


Écrite en 2022, avant l’aggravation récente du conflit israélo-palestinien, la pièce n’en prend que plus de force aujourd’hui. Elle ne cherche pas à proposer des solutions politiques, mais à rappeler l’essentiel : derrière les frontières, il y a des destins brisés, des héritages douloureux, des mémoires qu’il faut entendre.


En mêlant intime et universel, Jérusalem interroge notre rapport à l’histoire, à la transmission et à la réconciliation. Oui, parfois le propos se fait un peu trop didactique. Mais l’humanité et l’émotion l’emportent, et l’on sort du théâtre avec la conviction que l’intelligence du cœur reste la seule voie possible.



FOUD’ART 🅵🅵 – Un spectacle nécessaire, porté par deux comédiens habités, qui réussit à faire dialoguer mémoire et présent. Parfois un peu redondant, mais profondément touchant et d’utilité publique.



Infos pratiques


JÉRUSALEM

Texte et mise en scène Ismaël Saidi

Avec Inès Weill-Rochant (ou Fiona Lévy en alternance) et Ismaël Saidi

Lumières Sébastien Roman

Son Alexandre Barthelemy


Theatre des Mathurins • Du 17 septembre au 31 décembre 2025 • Tous les mercredis et jeudis à 19h • Durée 1h10


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