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Une histoire à soi

Dernière mise à jour : 29 août 2021

Une histoire à soi. Un portrait intime

Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵

Ils s’appellent, Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. Ils ont entre 25 et 52 ans, sont originaires du Brésil, du Sri Lanka, du Rwanda, de Corée du Sud ou d’Australie. Ces cinq personnes partagent une identité : celle de personnes adoptées.


Une Histoire à Soi est le portrait intime, le parcours de vie de 5 personnages, enfants adoptés, en quête d´identité.


Il faut que les familles adoptantes n’oublient pas qu’on avait une histoire avant. On est pas une coquille vide dans laquelle on met une histoire.

Une très belle idée de narration

En les voyant d’abord bébés, alors que eux ont dû faire le chemin inverse, le film donne les clefs de leur petite enfance et permet de bien comprendre la cassure du début.


Un film, au casting parfait

Un film qui ne tombe dans, absolument, aucun cliché. Qui est extrêmement émouvant, sans jamais être larmoyant. Qui impose le respect et donne de l’espoir.

Une histoire à soi est un film bouleversant, mais aussi joyeux et toujours instructif

Un grand film « témoignage », très éloigné des standards « documentaire ». Un film de cinéma qui utilise brillamment des images d’archives.


Un film qui permet de mieux comprendre, avec beaucoup d’élégance, les questionnements et les émotions de ses jeunes adoptés.


 

UNE HISTOIRE À SOI

UN FILM ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR AMANDINE GAY

Avec JOOHEE BOURGAIN, MATHIEU ANETTE, ANNE-CHARLOTTE, NIYONGIRA BUGINGO / NICOLAS GUIEU, CÉLINE CHANDRALATHA GRIMAUD

Son/Montage image ENRICO BARTOLUCCI Montage son ROSALIE REVOYRE

Musiques originales IFÉ, ARNAUD DOLMEN Distribué par LES FILMS DU LOSANGE

Photo © Nathalie St-Pierre


FRANCE • 2021 • 1H40

AU CINÉMA LE 23 JUIN 2021


Affiche une histoire à soi



 

INTERVIEW D´AMANDINE GAY

Amandine Gay, comédienne, sociologue et afroféministe française est la réalisatrice du très beau documentaire Ouvrir la voix, un film documentaire donnant la parole aux femmes noires de France.

Elle sort le 23 juin son deuxième film tout aussi personnel Une histoire à soi. Un film documentaire qu’elle nomme « film d’Archives » qui parle aussi de ces origines.


« À 18 ans, j'ai, bien entendu, été voir mon dossier de personne née sous le secret et, sans surprise, il n'y avait pas beaucoup d'informations. J'ai fait, comme on le voit dans le film, des démarches de réappropriation culturelle quand j'ai découvert que ma mère de naissance était marocaine. J'ai été à Sciences-Po et j’ai un diplôme universitaire sur le monde arabe contemporain. J’ai ainsi étudié La langue arabe et découvert sa culture.

Quelles sont nos origines de façon générale ? À quoi ressemble le pays d'où l’on vient ? La langue, la culture, la musique ?

Bien sûr, ça peut être un enjeu de rechercher sa mère de naissance, mais ce n'est certainement pas central, à mes yeux ».


Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. 5 personnes en quête d’identité, celle des personnes adoptées.

Pourquoi avez-vous choisi ce sujet?

Une histoire à soi, comme mon premier film a quelque chose d’autobiographique. Ce qui m'intéressait, c'était de faire entendre les voix des personnes adoptées qui sont aujourd'hui adultes.


Je crois que vous avez été, vous même adoptée.

Oui, c’est vrai. Par contre, moi je suis adoptée en France. Je suis née sous X, en France.


Encore aujourd’hui, en 2021, quand on nous donne la parole, c’est très rarement pour avoir le retour d'expérience des personnes adoptées et je trouvais qu'il était temps.


C’est un film documentaire, mais j'ai du mal à le mettre dans cette catégorie.

L'idée pour nous, c'était vraiment de faire un film de cinéma, un film d'archives. Le film d'archives dans le monde du documentaire est souvent considéré comme n'étant pas cinématique. Il a un certain nombre d'étapes obligatoires, la voix off écrite en amont qui est généralement didactique. Il y a les images d'archives qui ont généralement une vocation illustrative puis il y a les témoins, ceux qui racontent leur histoire de vie et les experts.


Nous, on a choisit de faire un film d’archive différent. On a choisit de ne pas se tenir à un usage illustratif des archives et on ne cherche pas du tout a coller à ce qui est dit. Nos illustrations sont plutôt politiques et poétiques.


La mise en parallèle du présent et du passé, avec ses multiples images d’archives, m’ont apportés énormément d'émotions.

J’en suis ravie, c'était l'idée.

Un des témoins dit : « Il faut que les familles adoptantes n'oublient pas qu'on avait une histoire avant. On n'est pas une coquille vide dans laquelle on met une histoire. » Je trouve que ça paraît assez évident quelque part et, en même temps, pas tant que ça ?

Oui. Et c'est vraiment tout l'intérêt de faire parler des personnes adoptées qui sont aujourd'hui adultes.


L’enjeu est de déclencher de nouvelles questions en se mettant pas à leur place. Que se passe-t-il quand on est déplacé d'un pays vers un autre ? Que se passe-t-il quand on n'a pas accès aux informations sur son passé ? Quand on devient une minorité ?

On ne se rend pas compte, mais une personne haïtienne qui grandit en Haïti est quand même dans son milieu d'origine. Elle fait partie du groupe majoritaire. Quand elle est déplacée en France, elle devient une personne noire avec tous les stigmates, toute l'assignation raciale qu'il y a, autour de cette catégorie.


L'expérience du racisme, l'expérience de l'acculturation, le sentiment d'avoir été déplacée contre son gré. Tout ça m’intéresse, alors que, pendant très longtemps, on ne parlait que du trauma de l'abandon et des troubles de l'attachement des personnes adoptées.


Comment avez-vous trouvé ces intervenants qui sont incroyables, passionnants et émouvants.

l'idée était d’avoir des participants qui étaient assez solides pour pouvoir prendre la parole publiquement dans un film, mais aussi, qui avaient un avis politique.


Ça a été un long processus en entonnoir, qui a duré plus d’une année. On voulait, avec Enrico Bartolucci, chef opérateur, ingénieur du son et monteur, des hommes et des femmes, des gens d'origines diverses, d'âges différents. On voulait que les histoires puissent se répondrent pour tisser un récit narratif.

On est parti de 93 pré-entretiens pour arriver à 5 participants.


Le film a une narration inversée puisque on commence à leur naissance.

Quand on s'adresse à des personnes adoptées qui sont adultes, elles ont déjà mis en forme leurs récits de vie. Mais quand elles le racontent, aujourd'hui, c'est le résultat d’une enquête personnelle. C'est pour ça que la construction chronologique se fait dans ce sens-là. C’est la remise en forme de ces récits.


Je crois qu'une des raisons de faire ce film, c'était aussi pour montrer aux personnes adoptées qu'elles n'étaient pas seules et qu'elles pouvaient parler. Est-ce qu’il y a une forme de tabous dans le fait d'être adopté ?

Je pense que le tabou n’est pas dans le fait de dire qu'on est adopté. Ce qui est compliqué, ce sont les réactions des personnes que vous n'avez jamais rencontré et qui vont vous dire « Alors ça se passe comment avec tes parents ? ». Je dis souvent que s'il suffisait pour qu'une relation familiale se passe bien, que les enfants soient les enfants biologiques de leurs parents, ça se saurait.


Donc il y a des questions intrusives qu'on se permet vis à vis des personnes adoptées, qu'on se permettrait pas avec le reste de la société et ces questions peuvent être stressantes, surtout quand on est petit.


Quand je suis arrivée en grande section maternelle, les enfants ont commencé à me dire « Mais elle est où ta vraie maman ? » Moi, en fait ma mère, c'était la mère avec qui j'avais grandi. Donc, je pensais que c'était ma vraie mère, vous voyez. Mes parents, pour moi, c'étaient mes parents.


La filiation doit-elle être biologique ? Est-ce qu'on a le droit d'avoir quatre parents ?

Dans le film, il y a un conflit de loyauté avec Anne-Charlotte quand elle est retrouvée par son père de naissance australien et qu'elle était pas prête à avoir de père, elle s'était jamais posé la question.

Ça, ça m'intéresse ! Aujourd'hui, ces thématiques là concernant les familles adoptantes, mais aussi, les familles recomposées, les familles LGBT, etc.

Il y a plein de familles où les enfants n'ont pas que deux parents et ils se portent très bien. Ce n'est pas du tout une nouveauté ni quelque chose qui détruit la société. Oui, ça m'intéresse.


Finalement, l'adoption c'est presque un prétexte pour venir questionner des acquis de la société.

Qu'est ce que la famille ? Quel est le statut des enfants ? Qu'est-ce que l'identité ?

Et donc, à partir de la question de l'adoption, on peut vraiment déconstruire tous ces éléments-là.


Je vous souhaite vraiment le meilleur pour la sortie de ce film que je trouve à la fois très doux et poétique, mais qui fait passer, aussi, un vrai message.


Portrait Amandine Gay


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