« Le manifeste d’une génération »
Les plateaux sauvages présente le nouveau travail d’Alexandra Badea. Une expérience créative et originale, créée dès le départ en deux formes distinctes et certainement complémentaires : une version scénique à découvrir au théâtre et une version plus légère en bi-frontal sans décor, lumière ou son, diffusée « en itinérance » hors les murs, dans les collèges et les lycées du 20e arrondissement.
Au départ de cette aventure, ce fût, une commande
Il y a quelques années, dans le cadre du programme Education et proximité et dans le contexte socio-politique de l'époque marqué par l'apparition des camps de réfugiés et la situation des mineurs isolés, on a demandé à Alexandra Badea d'écrire un texte destiné aux lycéens.
En faisant des recherches, elle a été particulièrement interpellée par la nature des bénévoles, la plupart étant lycéens ou jeunes étudiants. « J'avais devant moi une nouvelle génération qui avait honte de ce qui se passait autour d'eux et qui avait envie d'agir avec un élan impressionnant ». Alexandra Badea a alors eu l’idée d’écrire une histoire qui pourrait leur donner l'espoir et l'envie de chercher leur propre endroit d'action.
Lors d’une fête, Déa, une adolescente rencontre Enis, un mineur isolé. Les deux adolescents échangent, se dévoilent, chacun évoquant un bout de son histoire, de ses rêves et de ses peurs. Au fil du temps, cette rencontre va changer complètement la vie de l’adolescente et déclencher chez-elle une remise en question radicale.
« Plus que jamais, j’ai éprouvé l’envie de créer un spectacle destiné premièrement au jeune public, où leur parole puisse être entendue, et leurs rêves, doutes et craintes partagés ». Un spectacle qui, avec son côté très didactique est, bien sûr, calibrer pour la jeunesse, mais qui est aussi passionnant à découvrir en tant qu’adulte. Une sorte de récit d’apprentissage doublé par un autre fil narratif, l’enquête policière que Déa subit.
Constamment sur scène, les acteurs Alexis Tieno - qu’on a récemment adoré dans Tropique de la Violence d'Alexandre Zeff et Lula Paris, une vraie révélation qui absorbe littéralement la lumière et dégage une grande présence, sont pris en étau entre ces deux temporalités.
Les très belles images présentées en continu fusionnant avec l’action sur le plateau et venant compléter et se répondre comme un contre-point apportent un sentiment à la fois très réel, très fluide mais aussi vraiment poétique.
« La réalité dure étant traversée par la poésie ainsi que la joie et l’envie de jouir de la vie et de leurs corps »
Car ce spectacle est aussi un vrai travail charnel et corporel avec, notamment, une très belle scène de lutte qui fait ressurgir toute la violence contenue dans leur être émotionnel.
Celle qui regarde le monde est un spectacle tout de même un peu bavard qui aurait pu laisser un peu plus de place aux non-dits et au silence. Un moment fulgurant, intense et particulièrement instructif qui s’inscrit complètement dans l’air du temps. Avis de Foudart 🅵🅵
CELLE QUI REGARDE LE MONDE
Texte, mise en scène et scénographie Alexandra Badea
Avec Lula Paris, Alexis Tieno et à l’écran Stéphane Facco
Crédit ©Pauline Le Goff, Pascal Gély
LES PLATEAUX SAUVAGES
DU 7 AU 12 NOVEMBRELUNDI-VENDREDI À 20H / SAMEDI À 17H30 • À PARTIR DE 12 ANS – DURÉE ESTIMÉE 50 MIN
HORS LES MURSDU 14 AU 19 NOVEMBRE
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