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Le Procès d’une vie : quand le théâtre redonne voix aux combattantes de l’ombre


Théâtre des Gémeaux – Festival Off Avignon 2025



Chœur de femmes, chœur d’histoire


Avant même que les lumières ne s’éteignent, Le Procès d’une vie nous invite à entrer dans le débat. Réunis en assemblée générale autour du manifeste des 343, les spectateurs deviennent partie prenante d’une mémoire vive : celle des luttes pour le droit à l’avortement. Le ton est donné. Ce spectacle ne se contente pas de raconter un procès, il le ravive en le contextualisant.


Sur scène, l’affaire de Bobigny se rejoue à travers une fiction inspirée de faits réels, entremêlée à la vie de Gisèle Halimi, infatigable avocate de toutes les justices. En convoquant Marie-Claire, Michèle, Lucette, Renée, Micheline et les autres, la pièce redonne souffle aux anonymes de l’histoire, à ces femmes ordinaires devenues héroïnes d’un combat collectif.



Une mise en scène coup de poing


Barbara Lamballais orchestre avec justesse une mise en scène immersive, vive, déstructurée. Le public, placé au plus près des comédiennes, assiste à un théâtre en mouvement, qui brouille les lignes entre réalité et fiction. Les interprètes se changent à vue, les espaces se fondent, se montent et se démontent sous nos yeux : la mécanique du plateau devient miroir de celle du procès.


Ce théâtre chorégraphié, syncopé, emprunte au cinéma son rythme et à l’histoire sa rage. Les dialogues claquent, les silences vibrent, les mots résonnent. La parole devient arme, écho, refuge. Et c’est précisément ce va-et-vient entre intime et politique, entre le “je” et le “nous”, qui fait toute la puissance de la proposition.



Une distribution bouleversante


Impossible de ne pas saluer l’intensité des comédiennes. Clotilde Daniault incarne une Gisèle Halimi vibrante de détermination. Jeanne Arènes est magistrale en Simone de Beauvoir, glissant avec grâce d’un rôle à l’autre. Maud Forget donne chair à la fragilité, au doute, à la peur de Marie-Claire. À leurs côtés, Déborah Grall, Céline Toutain, Karina Testa et Julien Urrutia complètent ce chœur vibrant, juste, traversé par la nécessité.


Le texte de Barbara Lamballais et Karina Testa évite tout didactisme : il touche par sa sincérité, sa clarté, sa force. Le théâtre devient ici lieu d’éducation sensible, d’émancipation politique, d’élan collectif.



Une œuvre de mémoire et de vigilance


Ce qui glace – et révolte – dans Le Procès d’une vie, c’est la lucidité brutale avec laquelle il fait résonner passé et présent. Le violeur qui dénonce sa victime, l’adolescente jugée coupable de ne pas vouloir être mère, les femmes réduites au silence, à la honte, à la clandestinité. On est en 1971, mais parfois, l’ombre du Moyen Âge rôde encore.


Et puis il y a cette phrase, toujours d’actualité, de Simone de Beauvoir :

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »


Avis de Foudart 🅵🅵🅵



Infos pratiques


Le Procès d’une vie

Une fiction historique librement inspirée de la vie de Gisèle Halimi et du procès de Bobigny

De Barbara Lamballais & Karina Testa

Mise en scène Barbara Lamballais

Avec Jeanne Arènes, Clotilde Daniault, Maud Forget, Déborah Grall, Karina Testa, Céline Toutain et Julien Urrutia

Scénographie Antoine Milian • Costumes Marion Rebmann • Son & musique Benjamin Ribolet • Lumières Rémi Saintot

Crédit photo ©Simon Gosselin


Festival OFF Avignon

Théâtre des Gémeaux • Du 5 au 26 juillet à 16h30. Relâche les 9, 16 et 23 juillet • Tout public à partir de 12 ans • Durée 1h30


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