top of page

Les parents terribles : « une parfaite tragédie en forme de comédie »

L’histoire d’un immense succès

En 1938, Jean Cocteau, après l'échec de ses précédentes pièces, était isolé, drogué et solitaire. Espérant retrouver le succès perdu, il décide d'écrire une pièce de boulevard répondant aux attentes populaires. Ainsi naît Les parents terribles, qui reprend tous les codes du vaudeville : une situation, un rythme, une mécanique et des dialogues d'une énergie comique redoutable. La pièce est restée à l'affiche pendant plus d'un an et a attiré plus d'un million de spectateurs.


Des années plus tard, Christophe Perton, ayant découvert le manuscrit d'origine supposé disparu, réalise une adaptation et une mise en scène de cette pièce devenue culte. Le résultat est une pièce détonante, oscillant entre vaudeville et tragédie, avec des passages sombres qui avaient été supprimés lors de la création originale pour ne pas choquer le public de l'époque.


Au milieu d'une vaste pièce sombre, dépourvue de fenêtre et évoquant l'atmosphère des films d'Hitchcock, un lit immense trône sur scène. Durant plus de deux heures, entre cris et silence, amour et jalousie, ordre et désordre, une tragique comédie va s’y jouer.


Nous suivons l’histoire d’une famille française peu ordinaire, une sorte de « roulotte familiale dysfonctionnelle » où Yvonne et son mari Georges sont entretenus par la sœur d'Yvonne, Léo. Yvonne voue une admiration sans borne pour son fils Michel, au point de ne jamais le laisser partir et, allant même jusqu'à en oublier son mari. Quand, Michel confesse son amour pour Madeleine, une jeune femme, à sa mère… Léo va alors essayer d'orchestrer cette comédie de la vie.


Mais la pièce est bien plus qu'une simple comédie. Christophe Perton dit : « Cocteau puise dans les sources de la mythologie grecque et de l'amour maternel pour le fils pour dresser le terrible portrait des ravages causés par le sentiment universel de l'amour. Sans concession, sans compromis, il dissèque ces corps gangrénés, atrophiés par cette maladie ».


« Un écrivain qui se cache derrière la forme pour mieux apparaître dans le fond est l'une des plus belles et émouvantes choses que l'on puisse entrevoir ». Christophe Perton

L'amour impossible d'Yvonne pour Michel se reflète dans l'amour de Cocteau pour Jean Marais, l'interprète historique du personnage de Michel et, en se glissant dans le rôle d'Yvonne, Jean Cocteau substitue l'insuline dont le personnage est esclave par l'opium qu'il fume sans relâche pour échapper à sa solitude.



Les Parents terribles illustrent brillamment que la comédie et la tragédie sont des genres étroitement liés

Si la comédie peut masquer une tragédie, la tragédie peut donner à la comédie une profondeur et une force insoupçonnées…toutefois, pour que cela fonctionne, la distribution doit être exceptionnelle et c'est vraiment le cas dans cette pièce.


Le trio composé de Muriel Mayette-Holtz, Maria de Medeiros et Charles Berling mène la danse tambour battant :


Muriel Mayette-Holtz, l'ancienne administratrice de la Comédie-Française et directrice du TNN, incarne de manière impressionnante le rôle de cette mère libre et bohème, excessive et jalouse, déchirée d’amour pour son fils et poussée dans la folie par sa famille. Elle est, à la fois, tonitruante et émouvante et se fond admirablement dans ce tourbillon incessant.


Charles Berling, rempli de contradictions et de faiblesses, interprète remarquablement ce mari étouffé et délaissé par sa femme. Son jeu tout en retenue et en silences est impressionnant.


Maria de Medeiros apporte de la lumière à son personnage de Léo, une soeur complexe et une amoureuse de l'ombre qui n'a pas de vie. Sa présence, sa palette de jeu et d'émotions sont tout simplement époustouflantes.


Les jeunes Emile Berling et Lola Creton ont une barre haute à atteindre, mais ils se montrent à la hauteur des attentes.



Les Parents terribles est un petit bijou de cynisme et de drôlerie, et un magnifique exemple de théâtre

La mécanique, le rythme et les dialogues de ce drame ironique sont empreints d'une énergie comique redoutable. La mise en scène de Christophe Perton ne nous laisse aucun répit. Il nous offre une pièce cruelle, d'une modernité rare. Un grand moment de théâtre !


Les Parents Terribles est un spectacle indéniablement génial. Un chef-d'œuvre honoré et exalté.


 

« J'ai voulu essayer ici un drame qui soit une comédie et dont le centre même serait un nœud de vaudeville si la marche des scènes et le mécanisme des personnages n'étaient dramatiques » Jean Cocteau

En somme, cette pièce qui montre à quel point la comédie et la tragédie ne sont pas des genres si éloignés l'un de l'autre, continue de captiver les spectateurs plus de 80 ans après sa création.

Ne manquez surtout pas cette pièce brillante et tout simplement époustouflante qui ne manquera pas de vous éblouir. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵


 


LES PARENTS TERRIBLES

De Jean COCTEAU

Adaptation et Mise en scène Christophe PERTON

Avec Muriel MAYETTE-HOLTZ, Charles BERLING, Maria DE MEDEIROS, Emile BERLING, Lola Creton

Scénographie Christophe PERTON

Avec la collaboration de Barbara CREUTZ

Création sonore et musiques Emmanuel JESSUA

Création lumières Éric SOYER

Création costumes Agnes FALQUE

Crédit © Vincent Berenger


Théâtre Herbertot

ActuellementDu mardi au samedi à 21h00 • Le dimanche à 15h30 • Durée 2h05






Posts similaires

Voir tout
foudart_logo_edited.png
bottom of page