SCARLETT O'HARA : Quand une étoile vacille… et brille encore
- Bonfils Frédéric

- 26 sept.
- 3 min de lecture
🅵🅵🅵🅵 FOUD’ART – LA DERNIÈRE CONFÉRENCE DE PRESSE DE VIVIEN LEIGH
Scarlett O’Hara, Blanche Dubois : deux rôles, deux Oscars, et derrière eux une femme de théâtre qui a tout brûlé pour la scène. Adapté par Caroline Silhol du texte de Marcy Lafferty et accompagné par la finesse d’Anne Bourgeois, ce « seule-en-scène » convoque Vivien Leigh dans une ultime conférence de presse où l’éclat du mythe rencontre les zones d’ombre de la vie.
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Une conférence de presse comme miroir brisé
Le dispositif est d’une simplicité redoutable : une conférence de presse imaginaire qui se fissure pour laisser affleurer l’intime. Les questions visibles ou sous-entendues provoquent des vagues de souvenirs : enfance en Inde, Hollywood, Old Vic, Shakespeare avec Laurence Olivier, puis la chute, la fatigue, la maladie.
Ce cadre « mondain » devient une scène de vérité : l’icône parle, la femme reprend la main.
« Quand je joue au théâtre, je suis parfaitement heureuse. Je me lève le matin et je sais pourquoi je vis. »
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Caroline Silhol : l’incarnation plutôt que l’imitation
Caroline Silhol ne pastiche jamais : elle incarne. Sa voix, ses respirations, un grain de ferveur et de danger ; une façon d’embrasser l’insolence et la fragilité sans les opposer. On retrouve l’autorité feutrée qui nous avait bluffés dans “Mademoiselle Chanel en hiver” : ici encore, classe souveraine et précision de dentelière.
Silhol condense une vie : la femme lumineuse, amoureuse du théâtre, mais troublée, complexe, parfois au bord de la faille. Elle trace une ligne de crête entre glamour et vertige : flamboyante, jamais figée ; vulnérable, jamais plaintive.
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Anne Bourgeois : l’art de l’élégance discrète
La mise en scène d’Anne Bourgeois a ce charme et cette classe qui rappellent l’icône elle-même : élégance des lignes, refus de l’emphase, écoute millimétrée de l’actrice.
Lumières (Denis Koransky), costumes (Christophe Lebo, assisté de Nadège Bulfay), musique (Nicolas Jorelle) : chaque élément serre le cadre pour laisser vibrer la parole. La scène devient un écrin ; la dramaturgie, une chambre d’écho où l’œuvre et la vie s’interpénètrent.
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Entre passion et folie : le prix d’une étoile
Le spectacle ose regarder en face la bipolarité, les électrochocs, le puritanisme d’une époque, la rupture Olivier/Leigh qui laisse une cicatrice béante. Mais il rappelle aussi la combativité d’une artiste « diamant brut » qui ne renonce jamais à son premier amour : le théâtre.
On ressort avec l’image d’une héroïne moderne : brillante et tendre, libre et tourmentée - humaine surtout.
« Je jouerai Scarlett… Je suis Scarlett, ça ne peut pas être autrement puisque je l’ai décidé ! »
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Ce que ça nous dit aujourd’hui
La pièce parle de corps et de carrière, de mythe et de marché, de féminité et de folie sans sensationnalisme. Elle interroge ce que nous demandons à nos stars - tout - et ce qu’elles laissent sur l’autel du désir de scène.
Hommage ? Oui. Canonisation ? Non. Plutôt un vis-à-vis : une actrice regarde une autre actrice, et nous rend à la réalité vibrante de l’art.
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Mon verdict FOUD’ART
🅵🅵🅵🅵 – Coup de cœur.
Silhol irradie, Bourgeois sculpte l’espace : un duo d’orfèvres qui redonne chair à Vivien Leigh sans la clouer au panthéon. Glamour et gravité, tendresse et lucidité : un moment de théâtre qui emporte et éclaire.
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Infos pratiques
SCARLETT O'HARA
La Dernière conférence de presse de Vivien Leigh
Texte Marcy Lafferty • Adaptation Caroline Silhol
Collaboration artistique Anne Bourgeois
Avec Caroline Silhol
Crédit photo ©Laurencine Lot
Théâtre de Passy
Depuis le 2 septembre 2025 • mardi à 21h - samedi à 17h • Durée 1h20












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