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1942 résultats trouvés avec une recherche vide

  • Le Voyage Extraordinaire de Jules Verne : Quand l’imaginaire devient expérience immersive

    Au Grand Hôtel des Rêves, les livres s’ouvrent comme des portes. Et derrière, un monde fascinant prend vie : celui de Jules Verne. Une odyssée théâtrale aussi spectaculaire qu’émouvante. Un auteur devient personnage Et si l’on entrait dans l’univers de Jules Verne, non pas en lisant ses romans, mais en les traversant, en les vivant ? C’est le pari relevé par Le Voyage Extraordinaire de Jules Verne , la nouvelle création immersive du Grand Hôtel des Rêves, à Paris. Après La Belle et la Bête et La Véritable Histoire du Père Noël , ce lieu hors norme repousse encore les frontières entre fiction et réalité. Pendant 50 minutes, 24 comédiens nous entraînent à travers 8 tableaux où défilent les figures mythiques de Verne : Phileas Fogg, le capitaine Nemo, le docteur Fergusson… Mais surtout, c’est le jeune Jules Verne lui-même qui devient le fil rouge de cette épopée sensorielle, où prennent racine les origines de son imaginaire. Une mécanique à rêves bien huilée Le dispositif est impressionnant : plus de 1000 m² de décors somptueux, une scénographie foisonnante, et un rythme soutenu qui enchaîne les tableaux sans jamais perdre le spectateur. De l’atelier fantastique de Nadar et sa montgolfière au légendaire Nautilus, du périple vers la Lune à la rencontre avec Fergusson lors de l’Exposition universelle de Paris, chaque salle est une surprise, comme autant de portes ouvertes sur l’univers foisonnant de Verne. Ce qui frappe, c’est la qualité de l’écriture — simple mais jamais simpliste — qui parvient à transmettre le goût de la science et de l’aventure sans jamais verser dans la leçon scolaire. La mise en scène, fluide et malicieuse, s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes, portée par une troupe généreuse, investie… et souvent très drôle. Un hommage vibrant à l’héritage de Verne Le spectacle ne se contente pas d’adapter Jules Verne : il le célèbre. Il raconte la naissance d’un auteur visionnaire, entre rêves de jeunesse, premières lectures et vertige de l’inconnu. On sent, dans chaque scène, l’admiration pour cet écrivain qui a su allier poésie, science et fantastique, et qui continue, siècle après siècle, d’émerveiller les esprits curieux. Un petit bémol ? On aimerait que cela dure plus longtemps. À peine embarqué, on se retrouve déjà à quai. Mais c’est peut-être le secret d’un bon voyage : laisser une trace de désir. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 Une pause féérique au Café des Rêves À noter : le Café des Rêves , qui ouvre ses portes à partir du 26 mai, permet de prolonger l’expérience dans un décor digne d’un tableau de Watteau. Jardin XVIIIᵉ, salon littéraire, douceurs à la carte… Un lieu à visiter même sans spectacle, pour flâner entre fiction et patrimoine. INFOS PRATIQUES Le Voyage Extraordinaire de Jules Verne Grand Hôtel des Rêves – 47 rue du Cardinal Lemoine, Paris 5ᵉ Actuellement • Mer. 13h-19h · Ven. 16h-19h · Sam. 10h-20h20 · Dim. 10h-19h • durée 50 minutes • Spectacle familial dès 6 ans Le Café des Rêves Lun, mar, jeu : 11h-18h30 · Ven : 11h-15h

  • Histoire d’un Cid : Quand Corneille rencontre l’âme de l’enfance grâce à Bellorini

    Et si Le Cid n’était plus un monument figé, mais un terrain de jeu poétique et fantasque ? C’est le pari de Jean Bellorini avec Histoire d’un Cid , variation libre, ludique et lumineuse autour de la tragi-comédie de Corneille. Créée lors des Fêtes nocturnes du Château de Grignan, cette adaptation pleine d’émotion, de tendresse, de décalage et d’humour, aujourd’hui reprise à Nanterre-Amandiers, fait souffler un vent de fraîcheur sur l’alexandrin. Un poème réenchanté Ils sont quatre acteurs et deux musiciens à convoquer Le Cid comme on convoque un souvenir d’enfance. Pas de carrosse doré ni de fresques andalouses : ici, tout commence par une toile blanche qui se gonfle comme une bulle d’imaginaire. Un château de pacotille surgit, un voilier brinquebalant baptisé Vague à l’âme tangue au centre du plateau… Bienvenue dans le théâtre selon Bellorini, où la machinerie est artisanale, l’illusion assumée, et le jeu, moteur de tout. On joue à se raconter Le Cid comme on jouerait aux chevaliers. On saute dans les vers de Corneille comme dans des flaques. Et pourtant, rien n’est moqué. Histoire d’un Cid prend le texte à bras-le-cœur : il le triture, le chante, le détourne et l’étudie différemment pour mieux en faire jaillir son essence et révéler sa beauté. Une troupe au diapason, des alexandrins vivants Sur scène, François Deblock campe un Rodrigue juvénile, plein d’élan et de panache, tandis que Cindy Almeida de Brito insuffle à Chimène une intensité brûlante. Karyll Elgrichi, bouleversante Infante, offre à son personnage une gravité d’autant plus émouvante qu’elle reste toujours sur le fil. Federico Vanni, tour à tour Don Diègue et Léonor, module subtilement son jeu entre tendresse et grotesque, jusqu’à une dolce vita enfiévrée. Ces comédiens virtuoses jonglent avec les registres : ils cassent l’alexandrin pour mieux en faire résonner la musique, glissent d’un rôle à l’autre, reviennent à eux-mêmes, puis replongent dans le récit comme de véritables acrobates. Un jeu de va-et-vient qui exprime toute la richesse du théâtre : entre illusion et vérité, passé et présent, enfance et tragédie. Une scénographie-poème et un rêve sonore La scénographie de Véronique Chazal déploie une poésie brute, peuplée d’objets décalés : poste radio vintage, cheval à bascule, structure gonflable qui devient château. La musique live, signée Clément Griffault et Benoît Prisset, accompagne cette rêverie en tissant un fil entre Corneille et Balavoine, entre comédie musicale et confidences radiophoniques. Et soudain, le tragique du texte — la tyrannie de l’honneur, la douleur des pères, les amours sacrifiées — surgit avec d’autant plus de force qu’il est encadré par la joie du jeu. Quand Chimène dit « Je me dois par ta mort rendre digne de toi », le château se dégonfle. Tout est dit. Bellorini, Corneille et les enfants du siècle En adaptant Le Cid sans le figer, Jean Bellorini ravive ce qui, chez Corneille, bat encore aujourd’hui : le vertige du choix, l’injustice des hiérarchies, la fragilité de la jeunesse face à la violence du monde adulte. Dans ce théâtre mouvant, entre rêve et naufrage, les héros ont l’éclat baroque des personnages de Büchner ou de Musset. La pièce n’est ni modernisée de force, ni relue à travers un prisme d’actualité forcée. Elle est simplement rendue vivante. Et cela suffit à la faire vibrer. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 INFOS PRATIQUES Histoire d’un Cid Mise en scène : Jean Bellorini Avec : François Deblock (Rodrigue), Cindy Almeida de Brito (Chimène), Karyll Elgrichi (L’Infante), Federico Vanni (Don Diègue, Léonor) Musique live : Clément Griffault (claviers), Benoît Prisset (percussions) Scénographie : Véronique Chazal Costumes : Macha Makeïeff Crédit photo : ©Christophe Raynaud de Lage Théâtre Nanterre-Amandiers Du 15 mai au 15 juin 2025 • Mer, jeu, ven à 20h · Sam à 18h · Dim à 15h • Durée : 1h40

  • Daddy : Quand Marion Siéfert pirate la scène pour dénoncer l’exploitation des corps

    Bienvenue dans le game. Ici, on ne joue pas pour rire. Dans Daddy , Marion Siéfert transforme la scène en terrain miné. Jeu vidéo, conte noir, confession adolescente, performance hybride : cette pièce vertigineuse raconte comment une jeune fille de 13 ans tombe sous l’emprise d’un prédateur numérique. Et comment le théâtre peut, encore aujourd’hui, tout bousculer. Mara, 13 ans, avatar à vendre Son pseudo, c’est BadGirl66. Elle est jeune, drôle, curieuse. Elle rêve d’être actrice. Et surtout, elle veut fuir l’étroitesse de sa vie. Quand Julien, 27 ans, la contacte en ligne, tout s’enchaîne. Il lui propose un jeu. Elle y jouera… avec son vrai corps. Il sera son “daddy”, achètera ses costumes, fixera les scènes. En échange : des points, des dollars, des likes, des promesses. C’est le piège. Et Daddy le déplie, scène après scène, dans un univers numérique saturé, séduisant, cruel. Une création documentée, urgente, dérangeante Le sujet n’est pas “inspiré”. Il est vécu, réel, douloureux. Pour écrire Daddy , Marion Siéfert a écouté les témoignages de victimes d’abus. Elle a parlé avec des joueurs de role play, des adolescentes surexposées sur les réseaux, des enfants piégés dans des rêves toxiques. « J’avais envie que la pièce soit à la hauteur de ce que les gens m’avaient confié. » Pas de reconstitution naturaliste ici. Mais une écriture de la sidération , du vertige, du trouble. Une fiction ancrée dans le réel, mais portée par un imaginaire explosif. Un jeu vidéo comme miroir noir de la société Sur scène : des écrans géants, des avatars, des scènes chorégraphiées comme des niveaux de jeu, des “lives” qui claquent, des pixels qui saignent. Le théâtre devient une console, et le spectateur, un joueur pris au piège. Inspirée par Pinocchio , Entretien avec un vampire ou Mary Poppins , Marion Siéfert invente un espace où le virtuel se confond avec le réel. Où les fantasmes sont monnayés. Où les corps deviennent produits. Une révélation : Lila Houel Elle n’a pas 16 ans, et elle crève la scène. Lila Houel incarne Mara avec une intensité folle, une maturité sidérante. Face à elle, Louis Peres campe un Julien glaçant de maîtrise. Autour, une troupe dense, vibrante, généreuse : Jennifer Gold, Lou Chrétien-Février, Charles-Henri Wolff, Émilie Cazenave… C’est un théâtre de chair, de sueur, de larmes, traversé par la violence et le désir. Ce que Daddy dit de nous Daddy , c’est la face B du monde numérique : celle où l’image vaut plus que la parole, où les adolescentes deviennent des “investissements”, où les règles sont fixées par des hommes qui consomment et jettent. C’est aussi une critique radicale d’un système où même Marilyn Monroe continue d’être exploitée après sa mort . « Même morte, on continue d’exploiter Marilyn Monroe. C’est presque le prototype de ce qui se passe aujourd’hui dans les mondes virtuels. » Une œuvre qui déborde, et c’est tant mieux Oui, Daddy dure plus de 3 heures. Oui, ça déborde. Mais dans un monde qui réduit, qui compresse, qui fait swipe, Daddy prend son temps. Il dérange, il chavire, il épuise, il bouscule. Et c’est exactement ce qu’il fallait. En résumé ? Un uppercut scénique. Et une nécessité. Daddy n’est pas un spectacle. C’est un électrochoc. Un cri de scène. Un miroir numérique tendu à une société qui laisse faire. Allez-y. C’est bouleversant. Brillant. Indispensable. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 Infos pratiques Daddy Texte Marion Siéfert & Matthieu Bareyre Mise en scène Marion Siéfert Avec Émille Cazenave, Lou Chrétien-Février, Jenaifer Gold, Lila Houel, Lorenzo Lefebvre, Charles-Henri Molft Crédit photo ©Matthieu Bareyre Grande Halle de la Villette Du 22 au 25 mai 2025 • Durée 3h05

  • Bizet ressuscité : deux visages pour un compositeur

    L’Arlésienne / Le Docteur Miracle au Théâtre du Châtelet : le lyrisme pour tous les publics À l’occasion des 150 ans de la mort de Georges Bizet, le Théâtre du Châtelet inaugure son cycle Opéra pour tous et, avec le Palazzetto Bru Zane, propose un hommage à double détente : L’Arlésienne , drame provençal bouleversant, et Le Docteur Miracle , opérette loufoque pleine d’énergie. Deux œuvres rares, réunies dans une mise en scène poétique et inventive de Pierre Lebon, pour redécouvrir Bizet sous un jour inattendu. Une soirée en clair-obscur, aussi accessible que raffinée, qui redonne à Bizet ses mille visages — bien au-delà de Carmen . L’Arlésienne : la tragédie invisible Souvent réduite à ses célèbres suites orchestrales, L’Arlésienne se révèle ici dans toute son ampleur dramatique, réinventée en conte musical par le musicologue Hervé Lacombe. Portée par un récitant, des danseurs et quatre chanteurs, la pièce devient un récit hybride, entre théâtre, danse et oratorio, dans une Provence sublimée par la musique. Pierre Lebon transforme le vieux moulin abandonné en machine à mémoire, théâtre des amours impossibles et des douleurs muettes. La mise en scène joue sur la rugosité poétique, la lumière des paysages et les silences pleins de cris. Dans ce monde où l’absente – l’Arlésienne – est plus présente que les vivants, Bizet fait entendre le fracas d’un cœur brisé avec une tendresse grave. C’est beau, sobre, intense. Une tragédie familiale où le chant se mêle au souffle du vent et aux battements du soleil. Un geste fort pour redonner à cette œuvre sa pleine densité scénique. Le Docteur Miracle : la farce en costume de scène Place ensuite à la bouffonnerie ! Avec Le Docteur Miracle , opérette composée à 18 ans, Bizet montre déjà un sens redoutable du rythme comique. Sous les dorures du Châtelet, la scène se transforme en castelet ambulant, peuplé de faux médecins, de vrais amoureux et de quiproquos désopilants. Pierre Lebon tire parti de la veine tréteaux-populaire du livret pour en faire une satire réjouissante, pleine de clins d’œil à Molière, à la commedia dell’arte et aux charlatans du Pont-Neuf. Le tout dans une ambiance de fête foraine musicale, où l’« omelette empoisonnée » devient un tube comique. L’élégance vocale des interprètes, la précision du geste scénique et l’inventivité des décors renforcent l’effet euphorisant de cette mini-comédie lyrique, aussi intelligente que légère. Une porte d’entrée idéale dans le monde de l’opéra. Un théâtre populaire, au sens noble du terme Ce diptyque Bizet-Lebon incarne parfaitement l’ambition Opéra pour tous portée par Olivier Py : rendre au public ce qui lui appartient. Le Docteur Miracle amuse sans simplisme, L’Arlésienne bouleverse sans pathos. Les deux œuvres, portées par des artistes brillants, se répondent dans un jeu d’ombres et de lumières, de cris et de murmures, de faux médecins et de vrais drames. En mêlant chant, récit, danse et jeu, cette soirée réussit un petit miracle : celui de réconcilier l’opéra avec tous les publics, sans renier l’exigence artistique. Un théâtre vivant, en mouvement, qui soigne l’âme avec un sourire… ou une larme. Avec ce diptyque contrasté, Opéra pour tous réussit sa promesse : celle d’un opéra accessible, festif, exigeant et généreux. Sora Elisabeth Lee dirige l’Orchestre de chambre de Paris avec une finesse qui traverse les deux œuvres sans jamais les opposer. Ce qui unit L’Arlésienne et Le Docteur Miracle , c’est leur capacité à raconter le monde avec des moyens lyriques, au service de l’émotion - tragique ou comique. Dans un même geste, cette soirée rend justice à l’inventivité de Bizet et à l’ambition inclusive d’un théâtre qui entend parler à toutes et tous. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 Infos pratiques L’Arlésienne / Le Docteur Miracle De Georges Bizet Mise en scène, décors et costumes : Pierre Lebon Direction musicale : Sora Elisabeth Lee avec l’Orchestre de chambre de Paris Avec : Eddie Chignara, Pierre Lebon, Aurélien Bednarek, Iris Florentiny, Dima Bawab, Héloïse Mas, Marc Mauillon, Thomas Dolié, Morgan L'Hostis Lumières : Bertrand Killy • Chef de chant : Thomas Tacquet Crédit photo : © Thomas Amouroux Du 24 mai au 3 juin 2025 – Théâtre du Châtelet, Paris Durée : 2h40 avec entracte Dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane Paris . Soirée commémorative des 150 ans de la disparition de Georges Bizet

  • « Le Conte d’Hiver » : Shakespeare entre rêve, rage et rédemption

    Une relecture fiévreuse, sensorielle et bouleversante d’un chef-d’œuvre shakespearien, où l’intime se mêle à l’épique, la folie à la rédemption. Au Théâtre Gérard-Philipe, la jeune génération frappe fort. Un hiver brûlant à Saint-Denis Au Théâtre Gérard-Philipe, Le Conte d’Hiver renaît dans une version à la fois dépouillée et vertigineuse, portée par deux jeunes metteure·s en scène issu·es du CNSAD, Agathe Mazouin et Guillaume Morel. Dans le cadre du programme Premiers Printemps , cette création chorale donne une voix forte et actuelle à l’une des œuvres les plus mystérieuses de Shakespeare. Jalousie, chaos, renaissance : ici, les tempêtes sont intérieures, et le théâtre devient un terrain d’éveil politique et sensible. Quand un soupçon fait tout exploser Léontes a tout. Le pouvoir, l’amitié, une épouse aimante. Mais un regard de trop entre Hermione et son ami Polixènes suffit à faire germer le doute. De ce soupçon naît un délire, une paranoïa qui se propage comme un feu de forêt. Il condamne son épouse, fait bannir sa fille, provoque indirectement la mort de son fils. Le roi n’est plus qu’un homme dévoré par ses propres monstres. Sur scène, l’univers visuel et sonore épouse la dérive mentale du personnage. Tout vacille : lumières, espace, langage. La scénographie semi-circulaire devient le théâtre d’un effondrement intérieur. Et le public, pris à témoin, bascule avec lui. Un procès sous les projecteurs : Hermione face au patriarcat Le troisième acte atteint un sommet d’intensité : le procès public d’Hermione, retransmis en vidéo, met la salle en position de juré. Ce n’est plus du théâtre, c’est un miroir tendu à notre époque. Hermione et Paulina plaident face au regard écrasant du roi et de la salle. Les mots résonnent fort, surtout ceux de Paulina : « Peut-être ai-je trop montré la vivacité dont une femme est capable. » On ne peut s’empêcher de penser à ce que ce texte, écrit il y a quatre siècles, dit encore des violences d’aujourd’hui. Un rêve de Bohême, ou la fuite vers l’imaginaire Puis la pièce bifurque. Seize ans plus tard, Shakespeare convoque une Bohême bigarrée, irréelle, où tout semble permis. Le spectacle s’envole vers une féerie étrange, proche d’un cauchemar de Tim Burton : amours adolescentes, travestissements, fête pastorale… On ne sait plus si Léontes rêve ou s’il invente un monde pour fuir sa culpabilité. Cette fantaisie tardive est un souffle de liberté, un territoire du possible — mais aussi de l’oubli. Pardon ou illusion ? Une fin en suspens Quand Hermione réapparaît sous forme de statue vivante, la pièce ne tranche pas : miracle ou hallucination ? Réconciliation ou mise en scène du remords ? Léontes embrasse ses morts. Les autres personnages s’éclipsent, le laissant seul. Pas de catharsis, juste une question lancinante : peut-on réparer l’irréparable ? Et jusqu’où va le pardon ? Une troupe jeune, un geste fort, un théâtre vivant Porté·es par une génération issue du Conservatoire, les douze interprètes incarnent avec finesse la complexité des figures shakespeariennes. Mazouin et Morel signent ici une mise en scène à la fois radicale et sensible. Ils s’attaquent à l’inconscient masculin, aux archétypes virils, à la monstruosité ordinaire. Et ça frappe fort. Musique, lumières, vidéo, tout concourt à faire de ce spectacle un voyage mental, sensoriel, politique. On sort secoué·e, troublé·e, et profondément vivant·e. Un Shakespeare d’aujourd’hui, pour aujourd’hui Le Conte d’Hiver , version 2025, ne cherche pas à « moderniser » Shakespeare. Il l’incarne. Il le fait parler dans nos contradictions. Il nous tend un miroir où se reflètent le pouvoir, la violence, la mémoire, la tendresse, l’irréparable — et l’espoir ténu d’une autre fin. Un spectacle total. Un geste fort. À voir absolument. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 Infos pratiques Le Conte d’Hiver De William Shakespeare Mise en scène Agathe Mazouin & Guillaume Morel Traduction Bernard-Marie Koltès Avec Louis Battistelli, Myriam Fichter, Joaquim Fossi, Mohamed Guerbi, Olenka Ilunga, Eva Lallier Juan, Julie Tedesco, Zoé Van Herck, Padrig Vion, Clyde Yeguete, Léo Zagagnoni, Mathias Zakhar Scénographie Andrea Baglione • Lumière Lucien Vallé • Musique John Kaced • Vidéo Camille Berthelot Crédit photo ©Christophe Raynaud de Lage Théâtre Gérard-Philipe Du 21 au 25 mai 2025 • Mer, jeu, ven à 20h • Sam à 18h • Dim à 15h30 • Durée 2h20

  • Festival Off Avignon 2025 : Le vivant comme acte de résistance

    En juillet, le spectacle vivant fait de la résistance. Dans un monde instable, secoué par les crises et les replis, le Festival Off Avignon 2025 choisit l’ouverture, l’innovation et la solidarité. Une édition foisonnante qui affirme, avec ferveur : le théâtre n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Un Off plus que jamais en prise avec le monde 1 724 spectacles, 1 347 compagnies, 241 salles, 2,6 millions de billets à la vente. Les chiffres donnent le vertige. Mais derrière cette profusion, c’est une vision qui se dessine : celle d’un festival résolument ancré dans le réel, au service de la création indépendante et d’une diversité artistique sans frontières. Face aux menaces pesant sur le monde de la culture, Avignon Festival & Compagnies (AF&C) choisit l’action : meilleur accueil du public, nouveaux dispositifs d’accessibilité, renforcement des partenariats internationaux. Le festival devient un territoire d’expérimentation, d’inclusion et d’échange. Brésil, jeunesse, accessibilité : un Off qui bouge Invité d’honneur 2025, le Brésil irradie cette édition de ses rythmes, de ses luttes et de sa pluralité. Onze compagnies brésiliennes se partagent les scènes du Off, dans un programme éclaté mêlant théâtre, danse, musique et performance. Un week-end d’ouverture festif (banquets, déambulations, bals familiaux) donne le ton : le Off est un lieu de fête, mais aussi de dialogue. Cette dynamique s’étend à d’autres régions du monde, avec un focus sur l’Asie centrale et des actions concrètes pour la mobilité des artistes étrangers. Le Village du Off se transforme en agora cosmopolite, accueillant pavillons culturels, stands, rencontres, artisanat et saveurs venues de loin. Mais l’international n’efface pas le local. Le Village TADAMM, dédié au jeune public, et les cartes Off à prix réduit pour les 14-25 ans incarnent la volonté de faire du festival un bien commun, ouvert à toutes les générations. Structurer, professionnaliser, résister Label’Off, accompagnement des compagnies, publication d’un ouvrage de référence, nouveaux outils numériques… Derrière les paillettes du festival, c’est toute une filière que le Off contribue à structurer. Loin d’être une simple vitrine, il devient aussi un laboratoire du spectacle vivant, un lieu où l’on invente des modèles alternatifs de diffusion, de production, de coopération. Et parce qu’on ne résiste pas sans soin, AF&C planche aussi sur des dispositifs d’accueil innovants : application interactive pour les pros, crèche éphémère pour les artistes-parents, aides au logement… Autant de gestes concrets pour que le droit de créer ne soit pas réservé à quelques-uns. 60 ans d’audace, cap sur l’avenir 2026 marquera les 60 ans du Off. Un anniversaire que l’équipe prépare comme une grande fête populaire et créative, avec la Méditerranée pour invitée d’honneur. Une façon de rappeler que le Off, né en marge, a conquis sa place par la force du désir. Désir de faire, de dire, de partager. Et aujourd’hui plus que jamais, ce désir est politique. Dans un monde fracturé, le Festival Off Avignon fait le pari d’une culture vivante, accessible et indocile. Et nous invite à en être les complices. Infos pratiques Festival Off Avignon 2025 Du 5 au 26 juillet 2025 1 724 spectacles dans 139 lieux Brésil, invité d’honneur Village TADAMM pour les familles et les enfants Carte Off à 2€ pour les 14-25 ans du 5 au 9 juillet Crédit photo © AF&C – Luca Mira  – ESAA - Panoramas Plus d’infos : www.avignonleoff.com

  • Festival d’Avignon 2025 : être ensemble, encore

    Pour sa 79e édition, le Festival d’Avignon place le mot “ensemble” au cœur d’une programmation plurielle, politique et poétique. Sous la houlette de Tiago Rodrigues, la langue arabe et la danse de Marlene Monteiro Freitas deviennent les catalyseurs d’un théâtre du présent, habité par la mémoire et l’urgence. Un festival en résistance joyeuse « Je suis toi dans les mots » : en convoquant le poète Mahmoud Darwich pour slogan, le Festival d’Avignon 2025 affiche la couleur. Dans un monde fracturé par les guerres, les replis identitaires et les catastrophes climatiques, le théâtre devient espace d’écoute et de coexistence. Tiago Rodrigues en fait le pari : c’est dans la rencontre – entre artistes, publics et territoires – que réside le sens du festival. Un mois pour penser, rêver, vibrer. Ensemble. Une programmation comme une mosaïque vivante Avec plus de 300 événements , 42 spectacles et 32 créations 2025 , cette édition affirme sa vitalité artistique. Théâtre, danse, formes pluridisciplinaires, lectures, performances, expositions… Le festival s’étend sur 40 lieux et s’invite dans 16 communes du territoire. Cette année, 58% des artistes sont invités pour la première fois , preuve d’un engagement renouvelé envers la découverte et la diversité. L’arabe, langue invitée : hospitalité politique Après l’anglais et l’espagnol, c’est la langue arabe qui est à l’honneur. Un choix fort, dans un contexte où cette langue, pourtant la seconde en France, est souvent stigmatisée. Le Festival en fait un vecteur d’ouverture, en accueillant des artistes de Syrie, de Tunisie, du Maroc, de Palestine ou du Liban, à travers spectacles, lectures, concerts, débats et contes. Ce focus tisse un autre récit : celui de la richesse, de la pluralité, de la poésie. Marlene Monteiro Freitas : artiste complice et sorcière joyeuse Figure majeure de la scène chorégraphique internationale, la Cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas imprime sa marque sur cette édition. Dans la Cour d’honneur, elle ouvrira le bal avec NÔT , librement inspiré des Mille et Une Nuits . Chez elle, le corps est un feu sacré, traversé par les rituels, les tensions du collectif, les débordements de la joie. Autour de son univers explosif, une nébuleuse d’artistes, de penseurs, de musiciens viendra irriguer la programmation. Mémoire, création et transmission Le Festival 2025 ne se contente pas d’accueillir les spectacles, il en accompagne la genèse. 80 projets sont produits ou co-produits par le Festival, et l’édition creuse une réflexion sur la transmission artistique : retour du Théâtre du Radeau, ateliers avec la Comédie-Française, ouverture d’une exposition permanente à la Maison Jean Vilar… Avignon n’est pas seulement une vitrine, mais un chantier vivant de la culture. Une fête en résistance Malgré les ombres du monde, le Festival d’Avignon défend une fête combative, où l’art est à la fois célébration et prise de position. Le droit à la beauté, à l’inutile, au partage : voilà l’enjeu. Dans la Cour d’honneur, sur les scènes, dans les rues, la 79e édition promet de conjuguer intensité politique et joie collective. Comme un acte de foi dans la capacité du théâtre à « être l’autre dans les mots ». INFOS PRATIQUES Festival d’Avignon – 79e édition Dates : du 5 au 26 juillet 2025 Spectacles, débats, lectures, projections, expositions Plus de 300 événements – 42 spectacles – 32 créations Langue invitée : l’arabe Artiste complice : Marlene Monteiro Freitas Crédit photo © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon Programmation complète

  • Tchekhov à la folie : quand l’amour part en vrille

    Des cris, des larmes, des portes qui claquent… et des fous rires ! Avec La Demande en mariage et L’Ours , Jean-Louis Benoît signe une mise en scène électrique de deux pépites comiques de Tchekhov. Une heure quinze de pur délire russe au Théâtre de Poche-Montparnasse. Du rififi chez les prétendants Oubliez les mots doux et les regards langoureux. Chez Tchekhov, l’amour commence toujours par une bonne engueulade. Dans La Demande en mariage , un prétendant émotif vient demander la main de sa voisine. Mais très vite, tout dérape : une querelle grotesque autour d’un lopin de terre met le feu aux poudres. Résultat ? Des cris, des malaises, des réconciliations express, et un mariage scellé au bord de l’apoplexie. Dans L’Ours , un créancier furieux fait irruption chez une veuve inconsolable pour réclamer son dû. Ce qui devait être une confrontation devient un duel verbal féroce, puis une explosion de désir. Un revirement aussi absurde que savoureux. Une mise en scène qui fait tout péter Jean-Louis Benoît fait monter la pression dès la première réplique. Dans un décor unique à double usage — cuisine rustique d’un côté, salon plus feutré de l’autre — tout s’agite, claque, dégringole. On se hurle dessus, on renverse les tables, on s’effondre… puis on repart de plus belle. Le texte traduit par André Markowicz et Françoise Morvan pulse comme un moteur de Formule 1 : ça fonce, ça crisse, ça exulte. Benoît connaît la mécanique de la farce sur le bout des doigts. Et surtout, il la fait jouer au service de l’humanité des personnages , jamais réduits à de simples pantins. Car derrière l’excès, il y a toujours un cœur qui bat (et parfois s’emballe). Trois acteurs en état de grâce comique Dans ce joyeux carnage, Emeline Bayart est une reine. Dans les deux rôles féminins, elle explose littéralement : tantôt jeune fille à marier à la colère volcanique, tantôt veuve indomptable au verbe haut, elle passe du chagrin au coup de foudre avec un sens de l’excès jubilatoire. Un vrai feu d’artifice de jeu. À ses côtés, Jean-Paul Farré est irrésistible en « ours » misogyne au cœur tendre et en père dépassé par la fureur de sa fille. Quant à Luc Tremblais , il campe un prétendant hypocondriaque d’une drôlerie irrésistible, puis un serviteur aussi fidèle qu’ahuri. Du Tchekhov comme on l’aime : drôle, absurde, profondément humain Ces deux farces en un acte sont bien plus que des « plaisanteries » : elles concentrent tout l’art tchékhovien du décalage, où le rire naît du tragique et l’absurde révèle l’essence même de nos contradictions. On rit, et beaucoup. Mais derrière les éclats de voix et les crises de nerfs, Tchekhov glisse une lucidité bouleversante sur l’absurdité des rapports humains, la solitude camouflée en colère, et les petites lâchetés du quotidien. Si ses personnages nous font rire, c’est parce qu’ils nous ressemblent. Ils sont maladroits, excessifs, désarmés - profondément humains. Ce diptyque est un concentré d’intelligence théâtrale, un miroir déformant mais saisissant de vérité. Un spectacle qui donne envie de rire de soi - et d’aimer plus fort. Un moment de théâtre irrésistible, généreux, et furieusement vivant. À ne pas manquer. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 Infos pratiques Tchekhov à la folie – La Demande en mariage et L’Ours D’Anton Tchekhov, traduction André Markowicz & Françoise Morvan Mise en scène : Jean-Louis Benoît Avec : Emeline Bayart, Jean-Paul Farré, Luc Tremblais Scénographie : Jean Haas • Costumes : Krystel Hamonic Crédit photo Sébastien Toubon Théâtre de Poche-Montparnasse À partir du 13 mai 2025 • Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 17h • Durée : 1h15

  • Les Vies authentiques de Phinéas Gage

    Quand un choc dans le crâne devient une secousse dans l’âme Et si un accident pouvait réécrire une vie ? Avec Les Vies authentiques de Phinéas Gage , Marie Piemontese et Florent Trochel transforment un fait divers médical en odyssée philosophique. Un spectacle inclassable, où le théâtre devient laboratoire d’humanité et de liberté. Une brèche dans le crâne, une échappée dans l’âme Tout commence en 1848, sur un chantier de chemin de fer. Une explosion. Un homme projeté dans une autre vie. Phinéas Gage, contremaître modèle, reçoit une barre de métal en plein crâne. Il survit, mais ne sera plus jamais le même. Ce que la médecine classe comme un cas d’école devient, sur scène, un mythe moderne : celui d’un homme qui, ayant perdu ses repères, découvre une autre façon d’exister. Piemontese et Trochel délaissent l’étude clinique pour explorer une épopée intime. Derrière la cicatrice, ils cherchent l’énigme. Et s’il ne s’agissait pas d’une chute, mais d’un envol ? D’un homme qui quitte les rails de la normalité pour se réinventer dans les marges – du cirque Barnum aux étendues chiliennes, du labeur au galop libre ? Théâtre d’atelier et de transes La forme épouse le fond : mouvante, hybride, insaisissable. Déroutante d’abord, tant les voix semblent détachées, presque récitées. Mais peu à peu, une alchimie opère. Les comédiens glissent de la distance au frisson, les scènes s’épaississent, la matière se densifie. Ce qui semblait froid devient rituel sensible. Entre conte philosophique, manifeste social et échappée lyrique, le spectacle traverse tous les états : étonnement, émotion, rêverie. Comme son héros, le spectateur perd ses repères mais gagne en vertige. L’émotion surgit dans les interstices, portée par la voix vibrante de Yohanna Fuchs, incarnation d’une « présence surgie de l’accident », à la fois spectrale et charnelle. Une esthétique à vif Florent Trochel signe une scénographie au cordeau : structures en bois, clairs-obscurs, touches rouges évoquant autant le sang que les luttes ouvrières. On y devine les soubresauts d’un monde en mutation. La scène devient un territoire de passage, d’errance, de reconstruction. Et c’est toute la modernité du spectacle : faire dialoguer la révolution industrielle avec nos propres ruptures contemporaines. Phinéas Gage devient l’icône d’un monde en bascule, d’une humanité qui cherche ses coordonnées dans un monde en surchauffe. Une expérience sensorielle et politique On sort de Phinéas Gage un peu secoué, profondément remué. Le théâtre y est expérimental sans jamais être froid, poétique sans jamais être flou. Il interroge, émeut, fascine. Une œuvre rare, qui transforme la scène en fabrique de libertés. À travers une fêlure, une autre vie devient possible. Et dans ce théâtre qui ose la transmutation, on retrouve peut-être l’essence même du geste artistique : faire surgir l’inattendu. Avis de Foudart 🅵🅵 INFOS PRATIQUES Les Vies authentiques de Phinéas Gage Texte et mise en scène : Marie Piemontese & Florent Trochel Avec : Éric Feldman, Shams El Karoui, Philippe Frécon, Yohanna Fuchs Crédit photo : © Philippe Savoir THÉÂTRE DU ROND-POINT Du 15 au 25 mai 2025 Du mardi au vendredi à 19h30 Samedi à 18h30 – Dimanche à 15h30 Durée : 1h30

  • Sophie Forte ouvre La Valise : une histoire de famille hilarante et bouleversante

    Dans La Valise, seul en scène tendre et mordant, Sophie Forte remonte le fil de ses souvenirs à partir d’un simple héritage : une vieille valise pleine de photos. Le résultat ? Un bijou de drôlerie et d’émotion, qui touche en plein cœur. Une valise, des photos, toute une vie Tout commence par un décès. À la mort de son oncle André, Sophie Forte hérite d’une valise oubliée. À l’intérieur : des centaines de photos, un capharnaüm d’images en noir et blanc et de couleurs passées, où dorment les visages de ses parents, grands-parents, oncles, tantes… et même Gerry, le chien éternel. C’est cette matière brute, précieuse, tendre et bancale, que la comédienne transforme en un spectacle lumineux. Avec humour et affection, elle fait défiler les figures de son histoire familiale, toutes plus exubérantes, maladroites ou inattendues les unes que les autres. Rire de tout… même du passé Sophie Forte a le don rare de faire rire avec ce qui fait mal. Son père, ancien chauffeur de taxi colérique devenu peintre célèbre sans bouger de son canapé. Sa mère, sainte laïque et volcan d’énergie, qui vendait des robes de mariées avant d’ouvrir une galerie d’art. Sa tante Zette, digne héritière des Feux de l’amour, son oncle joueur compulsif, ses souvenirs d’enfant entre les murs de la Croix-Rousse… La Valise déroule ces fragments de vie comme un patchwork poétique et déjanté. Chaque anecdote semble sortir d’un film burlesque, mais touche juste : dans le rire, la tendresse, et parfois les larmes. Une performance généreuse et habitée Sur scène, pas de décor spectaculaire , même pas une valise. Le reste, c’est Sophie Forte qui le crée à vue. Une voix, une posture, un geste suffisent pour faire surgir une époque, un caractère, une situation. Mise en scène avec sobriété et justesse par Virginie Lemoine et Frédéric Patto , sa performance est une véritable chorégraphie d’émotions et de souvenirs. Elle fait revivre les siens pour mieux parler des nôtres. On y retrouve un parfum d’enfance, une touche d’absurde, beaucoup de pudeur et une grande sincérité. Un théâtre de l’intime,lumineux et profondément attachant. Une valise qui devient la nôtre Sous les rires, La Valise est aussi un hommage bouleversant à la transmission, à la mémoire, à ceux qu’on aime même quand ils nous ont quittés. Sophie Forte ne cherche pas à reconstruire le passé, mais à en faire un espace de partage. En ressortant du théâtre, on a envie de rouvrir nos propres albums, de raconter les histoires derrière les visages. Et c’est peut-être là que réside la beauté de ce spectacle : nous donner envie d’aimer plus fort, de se souvenir mieux, et de rire ensemble. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 INFOS PRATIQUES La Valise Un spectacle écrit et interprété par Sophie Forte Mise en scène Virginie Lemoine et Frédéric Patto Lumières Gwennaël Hertling Photo Tchavdar Théâtre Essaïon (Paris) Du 2 mai au 14 juin 2025 • Les vendredis et samedis à 19h00 • Durée 1h20 – À partir de 8 ans Festival Off d’Avignon 2025 Le Petit Louvre à 10h

  • Wonnangatta : l’invisible au cœur du bush

    Jacques Vincey sculpte le silence et la rudesse du monde dans une enquête aux allures d’odyssée intérieure Un fait divers. Deux hommes. Une terre hostile. Et au milieu, des mots pour ne pas sombrer. Avec Wonnangatta , Jacques Vincey transforme la langue rêche et musicale d’Angus Cerini en théâtre de chair et d’ombre. Un polar métaphysique et poétique, où chaque silence pèse plus lourd que les coups de feu. Disparition dans les hauteurs Tout commence par une absence. Celle de Jim, un ami que Harry visite chaque mois, et qui, cette fois, ne répond pas. Une inscription à la craie sur la porte : « Serai là ce soir » . Mais la nuit passe, puis les jours. Rien. Alors Harry revient, avec Riggall. Et ce qu’ils découvrent dépasse l’horreur : un corps enterré jusqu’au cou, la tête rongée par les bêtes sauvages. Jim est mort, et la nature a dévoré ce qu’il restait de lui. Traque à ciel ouvert De là, s’engage une chevauchée. Non pas spectaculaire, mais intérieure. Dans ce bush australien où les hommes sont des intrus, Harry et Riggall cherchent un coupable autant qu’un sens. Une traque, une fuite, un combat contre ce qui ne se dit pas. La langue d’Angus Cerini, magnifiquement traduite par Dominique Hollier, est de celles qui résistent. Elle frotte, elle accroche. Elle parle peu, mais chaque mot sonne. Un parler taiseux, fait de souffle et de silence, où la rudesse se teinte de lyrisme, l’humour de désespoir. Un chant de poussière et de feu. Un duo sous tension Sur scène, deux hommes seuls. Serge Hazanavicius, l’ardent, le colérique, et Vincent Winterhalter, plus doux, plus inquiet, forment un duo à la Beckett. Ils se soutiennent, se perdent, s’opposent et s’effacent dans la même nécessité : raconter. Car dans Wonnangatta , tout est narration, mais une narration vivante, tendue, performative. Ce n’est pas l’histoire qu’ils disent, c’est l’histoire qu’ils vivent — et qu’ils font advenir à mesure qu’ils parlent. Une mise en scène brute et ciselée Jacques Vincey l’a bien compris : inutile d’illustrer, il faut évoquer. Pas de réalisme. Juste des cubes, déplacés, empilés, révélés. Une matière brute pour un monde brut. La scénographie de Caty Olive, en collaboration avec Vincey, suggère davantage qu’elle ne montre. Lumières blafardes, néons suspendus, nappes sonores d’Alexandre Meyer… tout tremble autour des corps. Même la fumée devient personnage. La nature absente ? Et pourtant, malgré cette esthétique ciselée, la nature -omniprésente dans le texte - peine à apparaître pleinement. Là où les mots peignent des forêts, de la neige, des rivières, la scène, elle, reste abstraite. Peut-être est-ce un choix. Peut-être est-ce une limite. Car dans cette pièce, la nature n’est pas un décor : elle est l’adversaire, la menace, l’épreuve. Une troisième force qui broie les hommes autant que leurs certitudes. Un grand théâtre de l’indicible Mais Wonnangatta reste une réussite précieuse. Parce qu’il faut du courage pour mettre en scène ce texte difficile. Parce que les deux comédiens y sont admirables. Parce que la tension est là, constante, insidieuse. Et parce que cette pièce nous rappelle que le théâtre peut encore — et surtout — être un lieu de lenteur, d’écoute, d’immersion. Où le mystère importe plus que la réponse. Alors non, Wonnangatta ne nous dit pas qui a tué Jim. Mais il nous dit ce que ça coûte de chercher. Il nous dit ce que ça fait, de parler dans le vide, d’avancer dans le brouillard, de tenir l’autre pour ne pas s’effondrer. Et ça, c’est du grand théâtre. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 Infos pratiques Wonnangatta – d’Angus Cerini Mise en scène Jacques Vincey Avec Serge Hazanavicius et Vincent Winterhalter Traduction Dominique Hollier Scénographie Caty Olive et Jacques Vincey Musique Alexandre Meyer Crédit photo Christophe Raynaud de Lage Les Plateaux Sauvages • Du 12 au 24 mai 2025 • Durée 1h30 – À partir de 15 ans

  • Le Grand Banquet de la Parcelle : festin à ciel ouvert avec le chef Walid Sahed

    Un barbecue généreux, une ode au printemps, un moment de partage signé le19M Le dimanche 18 mai 2025, la Parcelle — jardin culturel éphémère du 19M — accueille un banquet exceptionnel orchestré par le chef Walid Sahed. Dans le cadre de la Grande Fête du Printemps, ce festin convivial mêle braises parfumées, produits de saison et esprit de générosité. Un rendez-vous gourmand et populaire, ouvert à tous sur réservation. À table, le printemps ! C’est un dimanche comme on les rêve : du soleil, de grandes tablées, un jardin fleuri et les effluves d’un barbecue en train de grésiller. Le 18 mai prochain, la Parcelle devient le théâtre d’un banquet champêtre pas comme les autres. Au centre des festivités : Walid Sahed, chef et cofondateur du restaurant Les Pantins, qui propose un menu savoureux et festif inspiré de ses voyages, de ses racines et de son amour pour le produit brut. Au programme : un barbecue généreux, pensé pour tous les appétits — carnivores comme végétariens — à déguster à la bonne franquette. Un repas dominical à ciel ouvert, où la simplicité rencontre la finesse, et où chaque bouchée célèbre l’arrivée des beaux jours. Un menu entre tradition et création Verre de bienvenue : Thé glacé menthe-sureau À partager : • Poulet fermier halal mariné • Légumes de saison à la braise • Semoule vapeur aux petits pois, fèves, asperges, carottes, menthe et coriandre Bar à sauces : • Caviar d’aubergines fumées & cumin • Lait ribot à l’huile de feuille de figuier • Sauce tahini, zaatar & grenade • Sauce chermoula Douceurs : • Riz au lait vanille & sureau • Caramel beurre salé, fraise et sarrasin soufflé Une cuisine du cœur, où les épices rencontrent les légumes du moment, et où la convivialité passe par le goût. Walid Sahed : une cuisine libre et généreuse Né à Alger, formé à Paris et nourri par un tour du monde culinaire, Walid Sahed est l’âme du restaurant Les Pantins, à Pantin. Après des expériences dans des maisons prestigieuses comme le Stafford Hotel à Londres ou le Bristol à Paris, il choisit de créer une cuisine sensible, voyageuse et résolument humaine. Avec Les Pantins, il développe un projet culinaire ancré dans le territoire, accessible et sincère. Son approche est à son image : exigeante mais joyeuse, ouverte sur le monde mais attachée à l’essentiel. Après le festin, place à la création ! Pour prolonger la fête, l’artiste Jeanne Tresvaux du Fraval proposera des ateliers d’initiation à la couture , au sein de la Bibliothèque d’Ornementa . Un moment de transmission accessible aux plus jeunes, pour faire dialoguer la création culinaire et le geste artistique. Infos pratiques Le Grand Banquet de la Parcelle Date : Dimanche 18 mai 2025 Lieu : le 19M - 2 pl Skanderbeg 75019 Paris Tarifs : 25€ pour les adultes (pré-paiement) / 10€ pour les enfants (paiement sur place) Réservation Crédit photo © le19M x Nicolas Melemis Cet événement s’inscrit dans la Grande Fête du Printemps , les 17 et 18 mai à la Parcelle — un week-end festif, gratuit et ouvert à tous, imaginé par le19M. Parade, créatures fantastiques, danseurs, chanteurs et musiciens, bal, initiation Stop-motion et Couture artistique… — À ne pas manquer : une occasion unique de savourer une cuisine d’auteur en plein air, de partager un moment de fête autour de grandes tablées, et de faire vibrer le printemps avec gourmandise et poésie.

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