
Pharaon, Akhenaton le Maudit – Une heure dans l’intimité d’un roi visionnaire
- Bonfils Frédéric
- 3 juil.
- 2 min de lecture
Festival Off Avignon 2025 – Théâtre Le Petit Louvre
Au tout début, on croit tomber sur un spectacle un peu poussiéreux, à l’ancienne, presque scolaire. Un homme en toge blanche, seul sur scène, sans costume clinquant ni décor pharaonique… Et pourtant, très vite, la magie opère. Le charme agit. Ce Pharaon, Akhenaton le Maudit devient un moment de théâtre enivrant, sensible, presque merveilleux. Un voyage intérieur porté par la voix d’un roi oublié, dans un seul en scène à la fois sobre, érudit et profondément humain.
La dernière heure d’un pharaon maudit
Le rideau se lève sur un décor minimaliste : quelques caisses, un grand éventail, un souffle de vent dans un palais déserté. Akhenaton est seul. Isolé de sa cour, de son épouse Nefertiti, de son fils Toutankhamon, trahi par ses ministres, abandonné de ses dieux. Dans cette ultime heure de règne, il se confie au public comme à un confident invisible.
Le spectacle d’Alexandre Delimoges n’est pas une fresque monumentale. C’est un tête-à-tête intime avec l’Histoire, où la parole remplace l’or, et où le doute d’un homme éclaire la grandeur d’un mythe.
Théâtre et érudition : une alliance rare
Ancien directeur de festivals, passionné d’Histoire et auteur multi-facettes, Delimoges incarne un Akhenaton déchiré entre son ambition mystique et les résistances de son époque. Père du monothéisme, réformateur radical, stratège isolé… Akhenaton se dévoile ici dans toutes ses contradictions.
La force du texte repose sur un savant équilibre entre véracité historique (saluée par des égyptologues comme Ashraf Sadek) et incarnation sensible. Le spectateur n’assiste pas à une conférence, mais bien à une plongée dans la psyché d’un homme en fin de règne, aussi visionnaire que vulnérable.
Une performance toute en maîtrise
Sans artifice, sans costume doré, pieds nus dans un simple drapé blanc, Alexandre Delimoges habite la scène avec sobriété et densité. Il oscille entre humour discret, gravité métaphysique, colère contenue et poésie murmurée. Chaque mot compte. Chaque silence aussi.
La mise en scène de Robert Kiener fait le choix de l’épure, pour mieux faire résonner le texte et laisser l’imaginaire du public reconstruire temples, dieux et palais. La lumière sculpte les mots. Le vent devient un personnage. L’effet est saisissant.
Une histoire ancienne plus contemporaine qu’il n’y paraît
Ce qui fascine dans Pharaon, Akhenaton le Maudit, c’est son écho moderne. On y parle de lutte contre un pouvoir religieux corrompu, de solitude du politique, de culte de l’image, d’héritage et de mémoire effacée. Le spectacle interroge : Qui écrit l’Histoire ? Qui en est banni ?
Akhenaton, disparu des chroniques officielles, effacé par ceux qu’il dérangeait, réapparaît ici en pleine lumière. Grâce à ce spectacle, il cesse d’être un mystère de musée pour redevenir un homme de chair et d’idées, un chercheur d’absolu. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
📌 En résumé
Un spectacle sobre, intelligent, émouvant.
Une performance d’acteur rare.
Une invitation à redécouvrir un pharaon oublié… et à réfléchir à notre propre époque.
🎟 Infos pratiques
Pharaon, Akhenaton le Maudit
Écrit et interprété par Alexandre Delimoges
Mise en scène : Robert Kiener
Crédit photo © Franck Calabrone
Festival Off Avignon 2025
Théâtre Le Petit Louvre • Du 5 au 26 juillet à 11h45 (relâches les mercredis et jeudis) • Durée 1h10
Spectacle vu au Théâtre Le Lucernaire

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