Le syndrome de Stockholm…la séquestration de Natacha Kampusch
SStockholm parle de l’enfermement aussi bien physique que psychique.
En s’inspirant de la séquestration de Natascha Kampusch, le fait divers des années 2000, Solenn Denis, l’autrice qui « aime les monstres », explore les méandres du syndrome de Stockholm.
À propos du Syndrome de Stockholm
Le terme Syndrome de Stockholm est apparu pour la première fois à Stockholm, en 1973. Cette année là, deux braqueurs prennent en otage quatre employés de banque lors d’un casse. Ce braquage qui a duré 6 jours a étonné tout le monde car ses otages ont fini par prendre gain de cause pour leurs ravisseurs.
D’un point de vue psychiatrique, ce terme désigne aujourd’hui l’ambiguïté complexe et presque amoureuse qui se tisse entre un bourreau et une victime.
Sordide, insoutenable, oppressant et envoûtant
En nous faisant traverser la scène et en nous plaçant « au plus près », ce spectacle, en forme d’expérience immersive, se propose de nous faire vivre une heure aux côtés du cauchemar de la victime, Solveig.
L’objectif de ce spectacle : montrer l’horreur sans jugement, ni moralisation
Assistons-nous à la banalité des jours qui défilent et se répètent inexorablement ou aux souvenirs troublés par les émotions de Solveig ?
Les avis divergent, les débats émergent, mais ce spectacle, avec une écriture à vif qui parle d’une réalité fantasmée ou non, déjoue tout manichéisme et toute morale.
SStokholm est rythmé par les brusques changements d’humeur de Frantz qui alterne sans arrêt entre coups et caresses, qui réussit à nous déstabiliser, à nous faire ressentir le danger, l’angoisse. Il nous tient en haleine, le souffle coupé.
Le monstre est monstre, la victime est victime
Mais Franck n’est pas juste un tortionnaire sanguinaire et Solveig une victime suppliante. Ce serait trop simple ! Ce sont deux êtres humains aux failles béantes et aux rapports complexes.
En dirigeant les comédiens comme des équilibristes qui jonglent entre violence et affection, toutes les ambiguïtés demeurent et la frontière entre le bien et le mal reste trouble.
Violaine, mon amour violent. Je suis vieux pour toi. Pourrais être ton père. Mais je t’aime vieux, violent, Violaine...
Et ça fonctionne !
Car on est très vite surpris de se sentir enfermé, étouffé par cette atmosphère si anxiogène que l’on a qu’une seule envie : partir en courant tout en restant absolument !
Le public est embarqué dans un train fantôme. Il sent le danger, traverse l’oppression, et la force, peut-être, de Solveig. Solenn Denis
Mais ce n’est pas tout car l’effroi de ce spectacle n’est qu’une des couches de ce millefeuille émotionnel qui porte aussi des tonalités d’espoir et de résilience.
Qui vaincra ? Qui restera debout ? Qui sera le ou la plus forte ?
Faustine Tournan et Erwan Daouphars, ces deux merveilleux acteurs réalisent une performance incroyable, tout en nuance, force, fragilité et douceur. En surfant entre désespoir absolu et folie totale, il arrivent parfaitement à nous parler d’horreur et d’amour.
Avec les comédiens, nous avons abordé un travail sur le silence, la terreur qui peut en résulter, et sur les respirations, les suspensions. Solenn Denis
Quand le théâtre devient un passeur d’émotion !
SStockholm est très clairement un spectacle choc, presque épouvantable et insupportable. Ce qui n’enlève rien aux grandes qualités d’écritures, d’interprétations et de mise en scène.
SStockholm doit se vivre, se ressentir comme un expérience initiatique, psychanalytique. C’est un spectacle d’une qualité immense, un grand coup de cœur à voir absolument. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
SStockholm
Texte de Solenn Denis
Mise en scène et création collective Le Denisyak et Faustine Tournan
Avec Erwan Daouphars, Faustine Tournan et Solenn Denis Photo © Pierre Planchenault
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du champ de manoeuvre 75012 Paris
Du 2 au 12 décembre 2021
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
durée du spectacle 1h
Le texte est publié aux éditions Lansman. Il a reçu la bourse d’encouragement du CNT 2011 et le Prix Godot 2012
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