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  • Le syndrome de l'oiseau : Un huis clos captivant qui explore la survie et la liberté

    "Le Syndrome de l'oiseau", œuvre théâtrale de Pierre Tré-Hardy, plonge dans les profondeurs de la captivité, de la résilience humaine et de la quête incessante de liberté. Sous la direction artistique de Sara Giraudeau et Renaud Meyer, cette pièce transcende le simple divertissement pour devenir une exploration émotionnelle et psychologique, mêlant la terreur de l'enfermement à la lumière de l'espoir, et transformant l'imaginaire en un refuge face à une réalité insupportable. Au cœur de ce récit se trouve l'histoire émouvante d'Ève, incarnée avec une fragilité saisissante par Sara Giraudeau. Elle est une âme captive, retenue depuis des années par Franck, son impitoyable geôlier interprété par Patrick d'Assumçao. Ce huis clos suffocant navigue entre un drame psychologique palpable et une parabole surréaliste. L'auteur et les metteurs en scène nous invitent à méditer sur des interrogations essentielles : Comment préserver sa santé mentale en étant privé de liberté, lorsque le passé a été occulté et l’avenir demeure incertain ? Est-il possible de subsister uniquement grâce à la puissance de l'imagination ? Bien que l'histoire d'Ève soit fictive, elle puise son inspiration dans des tragédies réelles, à l'instar de l'affaire Natascha Kampusch. Si le récit inclut effectivement des moments qui peuvent paraître improbables ou même absurdes, ceux-ci contribuent à alléger un thème par ailleurs effrayant. En effet, "Le Syndrome de l'oiseau", bien plus qu'un simple divertissement, établit un lien poignant avec la réalité et résonne de manière poignante. Il nous rappelle que ce sujet, ancré dans notre mémoire collective, nous confronte à une réflexion sur les aspects les plus sombres de la condition humaine. La mise en scène de Giraudeau et Meyer mérite des éloges pour son authenticité brute et sa capacité à alterner entre désolation, instants de grâce éphémère et même poésie, créant un équilibre fragile entre la réalité et les échappées de l'esprit. Cette dualité entre angoisse et espoir révèle la complexité de l’esprit humaine face à l'adversité. La performance des acteurs, en particulier celle de Sara Giraudeau, est centrale pour transmettre cette tension entre désespoir et aspiration à la liberté. La présence sur scène de Giraudeau, à la fois comme actrice principale et metteuse en scène, souligne son engagement profond envers le sujet, tandis que la synergie entre elle et Patrick d'Assumçao, empreinte d'une intensité glaciale, enrichit la pièce d'une profondeur émotionnelle supplémentaire. "Le Syndrome de l'oiseau" est ainsi plus qu'une pièce de théâtre : c'est un magnifique miroir tendu à notre société, nous confrontant à la réalité de la violence et de la captivité tout en célébrant la résilience et la capacité de l'esprit humain à trouver des échappatoires, même dans les situations les plus sombres. C'est un plaidoyer pour la liberté, sur la force de l'instinct de survie et sur le pouvoir de l'imagination comme ultime refuge contre la brutalité du monde. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 LE SYNDROME DE L'OISEAU Un spectacle de Pierre Tré-Hardy Mise en scène Sara Giraudeau et Renaud Meyer Avec Sara Giraudeau et Patrick D'Assumçao Scénographie Jacques Gabel • Costumes Pascale Bordet • Lumières Jean-Pascal Pracht • Son Bernard Vallery • Crédit photo © Giovanni Cittadini Cesi THÉÂTRE DU PETIT SAINT MARTIN DU 23 JANVIER AU 20 AVRIL 2024 • Du mardi au samedi 19h ou 20h • À partir de 14 ans

  • "Les Diaboliques" : Un Triomphe d'Inventivité et de Passion

    L’adaptation des "Diaboliques" par Christophe Barbier, mise en scène par Nicolas Briançon, s'inscrit comme un événement marquant. Cette œuvre, tirée du recueil de nouvelles de Jules Barbey d'Aurevilly publié pour la première fois en 1874, a traversé les siècles pour résonner avec une actualité brûlante, où les questions de morale, de désir et de transgression restent plus prégnantes que jamais. Le contexte historique et la controverse Initialement, ce fut un scandale littéraire, un succès éphémère épuisé en seulement quatre jours, mais aussi un sujet de polémique, critiqué pour son immoralisme et son diabolisme. Les récits, empreints de passion, d'adultère et de crime, présentant des femmes à la fois complexes, énigmatiques et parfois effrayantes, ont bouleversé la société de leur temps par leur audace et leur richesse psychologique. L'auteur, fervent catholique, se défendait d'ailleurs de toute intention immorale, affirmant au contraire viser une réflexion morale destinée à susciter l'horreur des comportements dépeints. Une nouvelle vie sur scène De nos jours, Christophe Barbier s'approprie cette œuvre, exploitant le style riche et fleuri de l'auteur, pour la transposer avec éclat sur scène. En optant pour la dramatisation de ces récits via un procès fictif, inspiré de la préface du recueil, il ne se limite pas à adapter des histoires du XIXe siècle au théâtre. Il nous incite à réfléchir sur la pertinence continue des sujets traités par Barbey d'Aurevilly, tels que l'amour, l'adultère, le meurtre, la vengeance et la rancune. Le tribunal imaginaire Dans ce cadre, l'écrivain est mis en jugement pour ses écrits controversés. Défendant sa cause avec passion, il souligne son intention de seulement rapporter des faits réels. Pour nous convaincre, l'auteur et ses avocats animent sous nos yeux ces nouvelles incriminées. La vision de Nicolas Briançon « J’ai replongé dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly et mon scepticisme initial s’est mué en enthousiasme », révèle Nicolas Briançon, qui a rapidement accepté de diriger ce projet. Il démontre une volonté de restituer ces histoires avec autant d'intensité et de complexité que dans le texte original. L'adaptation par Barbier et la mise en scène de Briançon réussissent à saisir l'essence provocatrice du texte d'origine, tout en le rendant vivant et accessible sur scène. Innovation scénographique et performance La scénographie inventive, avec ses trouvailles scéniques amusantes et ses transitions fluides, enrichit l'expérience théâtrale. Les costumes, conçus par Michel Dussarat, et la prestation des acteurs tels que Magali Lange, Gabriel Le Doze, Krystoff Fluder et Reynold de Guenyveau, créent une atmosphère à la fois sombre et captivante. Ils passent d'un rôle à l'autre avec une aisance remarquable et incarnent avec brio l'ambiguïté morale et la complexité émotionnelle des personnages. L'exploration des abysses humains Barbey d'Aurevilly soutenait que la littérature devait révéler les crimes pour que la postérité puisse les juger. Cette audacieuse production théâtrale adopte pleinement cette vision, nous plongeant dans les profondeurs de l'âme humaine avec une délicatesse et une empathie intemporelles. Au-delà du divertissement Nicolas Briançon exprime : « Mon désir était de vous plonger dans l'excitation d'une lecture captivante et fascinante ». Ce défi, à la fois risqué et enrichissant, est relevé avec succès. Ce spectacle, fusionnant texte, performance d'acteurs et mise en scène, devient une expérience théâtrale mémorable. "Les Diaboliques" interpelle, stimule la réflexion et fascine. Ce spectacle démontre de manière éclatante comment les classiques, loin d'être obsolètes, continuent d'illuminer et de révéler les complexités de l'âme humaine. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 LES DIABOLIQUES Un spectacle de Christophe BARBIER D’après Jules BARBEY D’AUREVILLY Mise en scène Nicolas BRIANÇON Avec Gabriel LE DOZE, Magali LANGE, Krystoff FLUDER, Reynold de GUENYVEAU Lumières Jean-Pascal PRACHT • Décor Bastien FORESTIER • Costumes Michel DUSSARAT • Son Émeric RENARD • Photographies Sébastien TOUBON THÉÂTRE DE POCHE MONTPARNASSE ACTUELLEMENT • Du mardi au samedi 21h • Dimanche 17h

  • "Le Bar de l'Oriental", une œuvre entre splendeur et zones d'ombre

    Dans l'enceinte du Théâtre Montparnasse, "Le Bar de l'Oriental" de Jean-Marie Rouart, mis en scène par Géraud Bénech, nous offre une belle immersion dans l'Indochine des années 1950, baignée de moiteur et de mystère. Dans le huis-clos étouffant d’une vieille demeure coloniale, cinq personnages en quête d’eux-mêmes, se retrouvent soudain projetés dans le tourbillon de l’Histoire, au tournant de cette guerre d’Indochine qui s’annonce bientôt perdue. Le passé ressurgit soudain, réveillant les tensions enfouies et les questions demeurées sans réponses. Que s’est-il donc passé cinq ans plus tôt, à Saïgon, au Bar de l’Oriental ? La scénographie, les lumières et la bande sonore constituent sans aucun doute les points forts de ce spectacle, recréant avec précision et poésie remarquables l'atmosphère saturée d'humidité et la torpeur tropicale de Langson, au Nord du Tonkin. L'ajout d'un flûtiste vietnamien apporte une dimension poétique supplémentaire à ce tableau vivant. Néanmoins, malgré ces réussites indéniables, la pièce présente des aspects qui auraient gagné à être davantage peaufinés. L'un des principaux écueils réside dans les prestations des acteurs, qui, bien que portées par des comédiens talentueux, semblent parfois manquer de nuances, de subtilités et de mystère. Ce manque de subtilité dans le jeu d'acteur se répercute sur l'histoire elle-même, qui, bien qu'offrant des rebondissements captivants et s'inscrivant dans une veine littéraire épique et romanesque, peine à renouveler son genre. L'intrigue, riche en potentiel, explore des thèmes éternels tels que l'amour, la fidélité et le conflit entre les idéaux personnels et les exigences de la grande Histoire. Cependant, le traitement de ces sujets, tout en étant original et intemporel, souffre par moments d'un certain académisme, voire d'une allure vieillotte. Cette impression est peut-être exacerbée par une certaine prévisibilité dans le développement des événements et une tendance à l'exposition plutôt qu'à la suggestion, ce qui peut parfois freiner notre engagement émotionnel. En dépit de ces réserves, "Le Bar de l'Oriental" demeure un spectacle digne d'intérêt, notamment pour son ambiance unique et sa capacité à nous transporter dans un autre lieu et une autre époque. Il convient de saluer l'ambition et la passion qui ont présidé à sa création, ainsi que la volonté de ses créateurs de poser des questions importantes sur le sens de l'existence et les choix moraux face aux vicissitudes de l'Histoire. "Le Bar de l'Oriental" est une expérience théâtrale qui, malgré ses imperfections, se distingue par son audace et sa recherche d'authenticité. Il s'agit là d'une invitation à la réflexion, nous offrant un voyage à la fois sensoriel et intellectuel, dans un cadre scénique magnifiquement réalisé. Avis de Foudart 🅵 « LE BAR L’ORIENTAL » De Jean-Marie ROUART, de l’Académie Française Mise en scène Géraud BENECH Avec Gaelle BILLAUT-DANNO, Pierre DENY, Katia MIRAN, Charles LELAURE en alternance avec Valentin de CARBONNIERE, Pascal PARMENTIER, Mai THANH NAM THEATRE MONTPARNASSE À partir du 7 février 2024 • Du mardi au samedi à 19h00 • Matinées le dimanche à 18h00

  • Nuit Noire en Anatolie : Un Thriller Palpitant Qui Explore les Profondeurs de la Société Turque

    Le film "Nuit Noire en Anatolie" est un thriller palpitant réalisé par Özcan Alper, qui a reçu le Grand Prix au Festival d'Antalya en 2022. Incarné par l'impressionnant Berkay Artes dans le rôle principal, ce film explore les thèmes de l'homophobie et de la différence au sein de la société turque avec une profondeur remarquable. Le personnage central, Ishak, joue du luth dans une boîte de nuit en Anatolie et mène une existence solitaire. Sa vie bascule lorsqu'il est appelé dans son village natal en raison de la santé déclinante de sa mère. À son retour, Ishak se trouve confronté à un mur de silence et de suspicion, révélant un lourd secret que le village cherche à dissimuler. Le film se distingue par sa structure narrative complexe, utilisant des flashbacks pour tisser un lien entre le présent d'Ishak et un passé douloureux. Ces retours en arrière mettent en lumière un événement traumatisant, renforçant le suspense et enrichissant la compréhension du spectateur quant aux motivations d'Ishak. Après le décès de sa mère, Ishak choisit de rester dans le village, déterminé à affronter et à apaiser les tourments qui le hantent depuis des années. Sa quête l'entraîne dans les profondeurs des montagnes anatoliennes, une métaphore de son propre voyage intérieur. Le film utilise les paysages époustouflants d'Anatolie, capturés avec une esthétique cinématographique stupéfiante, pour renforcer le sentiment d'isolement et de mystère qui enveloppe l'intrigue. Les montagnes majestueuses et les décors naturels illustrent la quête solitaire d'Ishak pour découvrir la vérité sur une nuit tragique qui a marqué sa vie et celle du village. Le village, situé dans le district isolé d'Ibradi dans la province d'Antalya, est un microcosme de la société turque, avec ses préjugés profondément enracinés et son rejet de la différence. Que ce soit à travers l'homophobie latente, les remarques racistes, ou la méfiance envers les étrangers, le film dépeint brillamment comment ces attitudes peuvent conduire à la violence et à la tragédie. L'homosexualité dans le film est traitée avec une grande délicatesse, évitant les images explicites, et se manifestant dans des scènes évocatrices, telles que des moments de complicité autour de la musique ou des scènes de baignade interdites, chargées d'une sensualité subtile. "Nuit Noire en Anatolie" transcende le genre du thriller pour offrir un portrait puissant de la société turque, abordant ses tabous et ses défis avec une sincérité poignante. Le film est une exploration émotionnelle et sociétale, dévoilant les couches de son histoire complexe et de ses personnages. Avec ses images splendides et son récit immersif, ce film offre une expérience cinématographique inoubliable, méritant d'être vu et apprécié pour sa profondeur, sa beauté, et son analyse pénétrante des dilemmes moraux et des paraboles sur la nature humaine. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 NUIT NOIRE EN ANATOLIE Un film d'Özcan Alper Avec Berkay Ateş, Taner Birsel, Sibel Kekilli, Cem Yiğit Üzümoglu Distributeur (France) Outplay Sortie au cinéma, le 14 février 2024 • 113 minutes • Turquie • 2022

  • L'Événement: Une Pièce de Théâtre Poignante Tirée de l'Œuvre d'Annie Ernaux

    Dans une mise en scène sobre et puissante, Marianne Basler donne vie sur les planches du Théâtre de l'Atelier à "L'Événement", adapté du livre éponyme d'Annie Ernaux, lauréate du Prix Nobel de Littérature 2022. Cette pièce, par sa simplicité scénique - une femme en noir, une table, une chaise, sur un fond tout aussi noir - met en lumière le combat solitaire et douloureux d'Ernaux face à une grossesse non désirée et à un avortement clandestin dans la France des années 60, époque où ces actes étaient illégaux et socialement réprouvés. La force de cette adaptation réside dans sa capacité à transposer avec fidélité et intensité le récit autobiographique d'Ernaux, transformant son expérience personnelle en un message universel sur le droit des femmes à disposer de leur corps. La prestation de Basler, tout en retenue et profondeur, capte l'essence du texte d'Ernaux, rendant palpable la douleur, la peur, et la détermination de l'auteure. Annie Ernaux: Une Vie, Un Combat Annie Ernaux, née en 1940, a grandi en Normandie dans un milieu modeste. Son œuvre, profondément ancrée dans son expérience personnelle, explore les thèmes de la classe sociale, de la sexualité, de l'autonomie corporelle et de la condition féminine. "L'Événement", publié en 2000, représente un jalon clé dans son parcours d'écriture, offrant un témoignage cru et direct sur l'avortement clandestin qu'elle a subi dans sa jeunesse. Le Spectacle: Un Choc et un Bonheur La mise en scène de "L'Événement" par Marianne Basler est une leçon de théâtre par sa maîtrise parfaite des éléments scéniques et de la narration. Le spectacle engage le public dans une réflexion sur les droits des femmes et la fragilité des acquis sociaux, dans un contexte où l'avortement et la liberté de choix restent des sujets de débat. La performance épurée mais captivante invite à un dialogue nécessaire sur ces questions toujours d'actualité. Un Message Universel et Actuel Au-delà du récit personnel d'Annie Ernaux, "L'Événement" au théâtre de l'Atelier réaffirme l'importance de la liberté de choix et la lutte contre le silence imposé aux femmes. Dans une époque où les droits acquis sont sans cesse remis en question, la pièce rappelle avec force que le ventre des femmes ne peut être le réceptacle d'une vie non choisie et souligne l'importance de défendre cette liberté fondamentale. La lecture publique de ce texte, l'été dernier, a révélé la richesse des dialogues qu'il suscite, inspirant Basler à partager cette histoire sur scène. "L'Événement" est ainsi devenu un espace de mémoire et de réflexion, un lieu où la parole se libère et où le passé éclaire le présent. Aujourd’hui, en portant "L'Événement" d'Annie Ernaux sur scène, Marianne Basler ne se contente pas de rendre hommage à l'œuvre de l'auteure; elle nous engage aussi dans une réflexion profonde sur les enjeux sociétaux et les droits des femmes. Cette adaptation théâtrale, par sa force évocatrice et son interprétation magistrale, marque les esprits et rappelle l'importance du théâtre comme lieu de dialogue et de prise de conscience collective. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 L’ÉVÈNEMENT D’après le texte d’Annie Ernaux Édité aux éditions Gallimard Mise en scène et interprétation Marianne Basler Collaboration artistique Jean-Philippe Puymartin Création lumière Robin Laporte Voix et sons Célestine de Williencourt Photographie © Pascal Gély THÉÂTRE DE L’ATELIER Du 13 février au 27 mars 2024 • Le mardi et mercredi à 19h • Durée 1h

  • La mouche

    Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵 Le théâtre des Bouffes du Nord sort le grand jeu avec un décor magnifique et monumental Le laboratoire aux lumières bleutées du sublime film de David Kronenberg fait place à un camp de fortune paumé imaginé par Valérie Lesort et Christian Hecq Un chef-d’œuvre en termes d’écriture, de jeu et d’art visuel En s’inspirant de l’émission de France 3, strip-tease, cette pièce naturaliste et fantastique frôle le génie absolu. Théâtre des Bouffes du Nord Du 7 au 25 septembre 2021

  • Le Cid : Une Odyssée Méditerranéenne

    Dans le panorama du théâtre français, "Le Cid" de Pierre Corneille occupe une place de choix, reconnu à la fois pour son héritage littéraire et pour sa capacité à se renouveler au fil des siècles. Aujourd'hui, c'est au tour de Frédérique Lazarini de faire traverser les époques à ce chef-d'œuvre. En s'inspirant de l'une des plus anciennes chansons de geste espagnoles, cette production se distingue par une réinterprétation audacieuse, embrassant à la fois l'antiquité et la modernité, et profondément méditerranéenne de l'œuvre classique. Elle puise dans la richesse culturelle et les contrastes vivifiants de la Méditerranée, ancrant le drame dans la tradition de la vendetta, où l'honneur et la vengeance façonnent les destinées, résonnant à travers les âges de Mérimée à Kadaré, et de la Corse et de l'Albanie à l'Italie du Sud de Coppola. Une Dualité avec une Intensité Remarquable Le dilemme cornélien de Rodrigue, tiraillé entre l'honneur de son père et son amour pour Chimène, forme la trame centrale du "Cid". La scénographie, à la fois épurée et évocatrice, avec des éléments et accessoires baroques, une ligne de chandelles en bord de scène et le regard bienveillant de Sainte Thérèse d'Avila, crée un espace intemporel qui reflète la complexité des émotions humaines. L'utilisation astucieuse d'une marionnette pour représenter le jeune prince ajoute originalité et concision à l'intrigue, tandis que la présence de Chimène, interprétée avec juvénilité frêle et détermination par Lara Tavella, accentue la force de son personnage dans un univers théâtral dominé par des figures masculines. Les performances des acteurs, notamment Arthur Guezenec en Rodrigue et Cédric Colas dans les rôles doubles de Don Fernand et Don Gomes, sont remarquables, capturant la fougue, la nuance et la majesté requises par leurs personnages. La musique et les sons de François Peyrony, qui accompagnent subtilement le cheminement de l'intrigue, enrichissent l'expérience sensorielle du spectacle. Cette version du "Cid" ne se contente pas de rendre hommage à l'œuvre originale de Corneille ; elle la réinvente en mettant en lumière la résonance continue du Cid dans notre conscience collective, interpellant sur les héritages culturels et les dilemmes moraux. Elle questionne notre manière de faire face aux vendettas et la possibilité de réconciliation à travers l'amour et l'honneur. Le succès de cette mise en scène réside dans sa capacité à faire dialoguer le passé avec le présent, le classique avec le contemporain, rappelant que le théâtre est un miroir de la condition humaine. Ce spectacle offre une œuvre vivante, vibrante et profondément humaine, où "Le Cid" de Corneille retrouve une nouvelle jeunesse, témoignant de la puissance intemporelle de la littérature dramatique. Il pourrait se conclure par ces mots : "Dans l'ombre de nos pères, sous le ciel de la Méditerranée, nous trouvons la lumière. L'amour, plus fort que la vendetta, nous unit." Avis de Foudart 🅵🅵🅵 Le Cid De Pierre Corneille Mise en scène Frédérique Lazarini avec Lara Tavella, Cédric Colas, Arthur Guezennec, Philippe Lebas, Guillaume Veyre Scénographie et lumières François Cabanat Costumes Dominique Bourde et Isabelle Pasquier Création sonore et musicale François Peyrony ARTISTIC THÉÂTRE Actuellement • mardi 20h ; mercredi 17h ; jeudi 19h ; vendredi, samedi 20h30 ; samedi 16h et dimanche 16h • Durée 1h30

  • Frida Kahlo : une Soirée avec Helena Noguerra

    Après le festival "L'invitation au voyage" de Biarritz, l'antre intimiste de la Piccola Scala accueille un événement d'une rare délicatesse. Accompagnée de la guitare envoûtante de Laurent Guillet, Helena Noguerra tisse un lien éthéré entre l'audience et Frida Kahlo, illustre peintre mexicaine connue pour ses œuvres vibrantes, sa vie tumultueuse, et son engagement politique. Le spectacle débute, et déjà, l'atmosphère se charge d'une émotion palpable. Pieds nus, vêtue d'un simple jean et d'un haut noir, Helena fait son entrée, non pas comme une star, mais comme une hôte nous conviant dans son univers littéraire. Elle nous accueille dans ce qui pourrait être son salon, évoquant avec sincérité et simplicité son parcours, de l'école abandonnée à sa passion dévorante pour la littérature. Une Immersion dans les Correspondances de Frida Kahlo Mais ce soir, la littérature prend une forme particulière : celle des correspondances de Frida Kahlo. Helena, avec une grâce infinie, plonge dans le rôle de Frida à l'âge de 17 ans, nous offrant plus qu'une lecture, une incarnation. Les lettres de Frida, empreintes de souffrance, d'amour, de passion pour la peinture et d'engagement politique, se mêlent à la voix d'Helena, créant une symphonie d'émotions. Le choix des correspondances, s'étendant de 1925 à 1953, offre un portrait intime de Frida : une jeune fille brisée par un tragique accident, une femme à la fois aimée et trahie, une artiste d'une intensité brûlante. À travers ces fragments de vie, c'est toute la complexité de Frida Kahlo qui se révèle, dans ses moments de joie éphémère comme dans ses abîmes de solitude. Une Performance Touchante et Sincère Dans un décor épuré, entourée d'objets symboliques et de la présence essentielle de Laurent Guillet à la guitare, Helena transcende la simple lecture. Elle interprète avec émotion, chante, et incarne les mots de Frida, partageant avec nous la force, l'intensité, le désespoir et l'enthousiasme qui caractérisent l'œuvre et la vie de Frida Kahlo. Le spectacle, tout en subtilité et en profondeur, dévoile une Helena Noguerra d'une touchante sincérité. Elle nous fait comprendre que, si l'essence de Frida Kahlo réside dans ses toiles, ses mots n'en sont pas moins, sont ciselés, chargés d'images et d'émotions intenses. La performance d'Helena Noguerra, avec sa diction particulière, sculpte ces mots au scalpel, nous faisant ressentir avec acuité les maux de Frida. Un Souvenir Indélébile La soirée à la Piccola Scala, dominée par l'émotion et la magie, promet de laisser un souvenir indélébile. Helena Noguerra, à travers son interprétation passionnée et sa connexion profonde avec le texte de Frida Kahlo, nous invite à un voyage au cœur de l'âme humaine, dans toute sa beauté, sa complexité et sa fragilité. Une performance remarquable qui rend un vibrant hommage à Frida Kahlo, célébrant la littérature et la vie dans leurs aspects les plus poignants. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 FRIDA KAHLO / HELENA NOGUERRA Texte Françoise Hamel Mise en espace Catherine Schaub Lecture Helena Noguerra Guitare Laurent Guillet Visuel ©Thomas O’Brien LA PICCOLA SCALA Du 29 janvier au 25 mars - Le lundi à 21h • Du 6 avril au 23 juin • Le samedi 21h30 et le dimanche 17h30

  • "Pauvre Bitos" ou l'implacable comédie du pouvoir

    Entre Bouffonnerie et Profondeur Dans "Pauvre Bitos ou le dîner de têtes", Jean Anouilh dévoile une œuvre complexe, aussi captivante qu'énigmatique. Située dans une petite ville de province des années 1950, l'élite locale se réunit autour d'un dîner thématique, où chacun est invité à jouer le rôle d'une figure de la Révolution française. La désignation d'André Bitos, un magistrat d'origine modeste, pour incarner Robespierre, est significative. Anouilh explore par ce moyen les dynamiques de pouvoir, la précarité de la vertu et l'autoritarisme de la conformité. Depuis 1967, la pièce n'avait pas été représentée jusqu'à ce que Thierry Harcourt propose une nouvelle mise en scène. En utilisant la Révolution et l'épuration post-Seconde Guerre mondiale comme prismes, Anouilh critique la tendance humaine vers l'autoritarisme, indépendamment de l'époque. La pièce offre un dialogue fascinant pour les passionnés d'histoire, en mettant en parallèle deux périodes cruciales de l'histoire de France, créant un contexte dense pour le drame. Cependant, "Pauvre Bitos" pourrait sembler difficile d'accès pour ceux moins familiers avec ces époques ou moins disposés à s'immerger dans des œuvres chargées de références historiques et politiques. La mise en scène d'Harcourt, tout en préservant l'aspect contre-révolutionnaire et conservateur du texte, ne manque pas de souligner l'essence humaniste de l'œuvre. Les personnages, bien que caricaturaux et interprétés avec excès par des comédiens comme Maxime d’Aboville, révèlent une humanité profonde dans leurs faiblesses, leurs peurs et leurs aspirations à la grandeur. Les dialogues, marqués par la finesse d'Anouilh, naviguent entre grotesque et caricature. "Pauvre Bitos" se présente comme une comédie sombre, une farce acerbe qui, derrière ses éclats de rire, cache une critique virulente de la société et de ses institutions, rappelant que l'histoire, avec ses héros et ses tyrans, est souvent une distorsion de nos propres contradictions. La pièce est un jeu de miroirs où les personnages, incarnant des figures de la Révolution, reflètent les tensions et contradictions de l'après-guerre. Cette dualité narrative enrichit l'expérience du spectateur averti, mais peut constituer un obstacle pour ceux cherchant un simple divertissement. Il est essentiel de noter que, malgré sa complexité apparente et son style parfois alambiqué, "Pauvre Bitos" reste incroyablement pertinent, interrogeant les mécanismes du pouvoir, de la vertu et de la justice. Anouilh invite à une réflexion sur la nature humaine, ses ambitions et ses échecs. Pour ceux disposés à s'engager dans cette exploration, "Pauvre Bitos" promet des récompenses intellectuelles et émotionnelles importantes. Pour les autres, elle peut représenter un défi, une incitation à sortir de leur zone de confort pour explorer la complexité de l'histoire et de la condition humaine. Quoi qu'il en soit, "Pauvre Bitos" reste un témoignage du talent dramatique d'Anouilh, capable d'émouvoir, de provoquer et de faire réfléchir, quel que soit le degré de connaissance du contexte historique. Avis de Foudart 🅵🅵 PAUVRE BITOS LE DÎNER DE TÊTES Une pièce de Jean Anouilh Mise en scène Thierry Harcourt Avec Maxime d’Aboville, Adel Djemai, Francis Lombrail, Adrien Melin, Étienne Ménard, Adina Cartianu, Clara Huet, Sybille Montagne Décors Jean-Michel Adam • Lumières Laurent Béal• Costumes David Belugou • Musiques Tazio Caputo Crédit photo @Bernard Richebé Théâtre Hébertot Du 9 février 2024 au 5 mai 2024 • Du mercredi au samedi à 19h et matinée le dimanche à 17h30

  • L'Aquoiboniste : un Voyage de Résilience et d'Amour

    Être déclaré mort pendant quelques heures... Quel impact cela aurait-il sur notre vie ? Inspiré librement par la nouvelle "La Mort d’Olivier Bécaille" d’Émile Zola, "L'Aquoiboniste" est un spectacle qui laisse une empreinte indélébile grâce à son traitement étonnant de thèmes universels tels que la mort, l'amour et la résilience. Jean-Benoît Patricot, s'inspirant de cette œuvre ainsi que de ses propres expériences et de celles du comédien Bertrand Skol, chacun devenu veuf très jeune, explore avec finesse la complexité de ces sujets au travers d'un spectacle qui mêle théâtre, musique et une grande performance d'acteur. Olivier Bécaille, confronté au défi de revenir à la vie après avoir été déclaré mort, entame une quête introspective et émouvante. Cette prémisse sert de fil conducteur pour réapprivoiser son existence et surmonter un profond désespoir. Devenu "aquoiboniste", constamment hanté par la question "à quoi bon ?", parviendra-t-il à abandonner cette posture, ce détachement procuré par la mort, pour chercher à retrouver la force et la lumière qui se sont éclipsées de sa vie ? La performance de Bertrand Skol se distingue par son intensité remarquable, offrant une présence scénique entre puissance et vulnérabilité qui reflète la quête de sens en touchant profondément l'âme. La musique originale d’Olivier Mellano enrichit ce voyage, créant une atmosphère immersive qui souligne l'interaction entre le texte et la musique. La mise en scène de Patricot, combinée aux éclairages de Johanna Legrand, donne au spectacle une dimension à la fois intime et universelle, plongeant le spectateur dans un espace où la réalité et le surréalisme se fusionnent. Cependant, il est nécessaire de tempérer cet enthousiasme par une réserve concernant la structure du spectacle. Si la première partie, inspirée de l'œuvre de Zola, captive par sa puissance, décrivant avec intensité la découverte de sa propre mort par le protagoniste, la seconde, centrée sur sa reconstruction et sa quête d'amour, peine parfois à maintenir cette dynamique. Le passage de la mort à la renaissance, bien que chargé d'émotions, montre des transitions parfois difficiles entre les deux récits, rendant la pièce légèrement longue. Toutefois, cette transition ne diminue en rien l'impact émotionnel. "L'Aquoiboniste" est une œuvre profonde qui interroge, émeut et invite à la réflexion sur la mort et la renaissance. Ce voyage à travers la mort, la résilience et l'amour se révèle être une célébration de la capacité humaine à trouver un sens, même dans les plus profondes ténèbres. Ce spectacle ne se termine pas sur scène ; il continue de vivre dans l'esprit de ceux qui ont été témoins de cette ode à la vie, rappelant que chaque fin peut marquer le début d'une nouvelle renaissance. Avis de Foudart 🅵🅵 L’AQUOIBONISTE Librement inspiré de la mort d’Olivier Bécaille de Zola Texte et mise en scène Jean Benoît Patricot Avec Bertrand Skol Musique originale Olivier Mellano • Voix Salomé Villiers , Tessa Volkine, Olivier Pajot • Crédit photos Cédric Vasnier La Scène Libre Du 1er février au 24 mars • Les jeudis, vendredis,samedis 21H • Les Dimanches 19H • À partir de 14 ans

  • L'Oiseau de Prométhée : Entre Richesse Artistique et Dispersion Thématique

    Dans "L'Oiseau de Prométhée", la compagnie Les Anges au Plafond, pilotée par Camille Trouvé et Brice Berthoud, déploie un véritable feu d'artifice artistique, embrassant théâtre, musique, arts plastiques et la magie de la marionnette. Ce spectacle ambitieux tente de faire dialoguer le mythe de Prométhée avec la crise financière grecque récente, dans une démarche audacieuse mêlant l'ancien au contemporain. Toutefois, cette richesse foisonnante, bien qu'admirable, tend par moments à disperser l'attention, nous laissant ébloui mais parfois désorienté. Une Scénographie Spectaculaire Visuellement, le spectacle est une réussite indéniable. La partie mythologique, incarnée par des marionnettes imposantes et des effets scénographiques ingénieux, offre des tableaux d'une beauté saisissante. Ces moments, où l'art de la manipulation atteint des sommets d'expressivité, allègent le propos dense et chargé du spectacle, offrant des respirations bienvenues au milieu de réflexions profondes sur la politique et l'économie. Un Mélange des Arts Éblouissant mais Complexe La volonté de mêler différents arts dans une même production crée une expérience riche et multidimensionnelle. Néanmoins, cette ambition a ses revers. La diversité des formes et des contenus, bien que captivante, peut parfois donner l'impression d'une certaine dispersion, comme si l'abondance des stimuli visuels et auditifs rendait difficile de saisir pleinement le fil conducteur du spectacle. Nous nous retrouvons devant une profusion de messages et de techniques qui, bien que fascinants, pourraient bénéficier d'un ciblage plus serré pour éviter une surcharge sensorielle. Des Thématiques Variables en Impact Le fil rouge suivant un groupe d'amis européens dont les relations se détériorent avec le temps cherche à illustrer les tensions et les divisions au sein de l'Union Européenne face à la crise grecque. Bien que cette trame narrative vise à humaniser le discours économique et politique, elle paraît quelque peu légère comparée à la gravité des autres sujets abordés. Ce contraste entre la légèreté de certains passages et la densité du contexte historique et mythologique peut laisser une impression d'inégalité thématique, où certaines parties semblent moins abouties ou moins intégrées dans l'ensemble du récit. Un Spectacle d'Une Ambition Remarquable "L'Oiseau de Prométhée" est indéniablement une œuvre d'une ambition remarquable, tentant de tisser ensemble des éléments disparates en un tout cohérent. Si le spectacle réussit à émerveiller par sa richesse artistique et visuelle, il pourrait gagner en force en affinant son propos et en équilibrant mieux les différents éléments de sa narration complexe. Malgré ces nuances, cette production reste un témoignage puissant de la capacité du théâtre à questionner, à émouvoir et à engager le public dans une réflexion profonde sur notre monde. Avis de Foudart 🅵🅵 L’OISEAU DE PROMÉTHÉE Un spectacle de Camille Trouvé et Brice Berthoud Écrit avec Chrístos Chryssópoulos Avec Rhiannon Morgan, Victoire Goupil, Souleymane Sylla, Achille Sauloup • Marionnettiste Christelle Ferreira • Sur le fil Olivier Roustan • Musique live Stéphane Tsapis • Crédits photos © Vincent Muteau Spectacle vu au Théâtre des Quartiers d’Ivry ~ CDN du Val de Marne (94) • Tout public dès 12 ans Durée estimée 1h45 TOURNÉE 2024 16 & 17 janvier 2024 Le Grand R ~ Scène nationale | La Roche-sur-Yon (85) 24 & 25 janvier 2024 maisondelaculture de Bourges ~ Scène nationale (18) 30 & 31 janvier 2024 Théâtre Jean Lurçat ~ Scène nationale d’Aubusson (23) 7 & 8 février 2024 Théâtre des Quartiers d’Ivry ~ CDN du Val de Marne (94) 21 & 22 février 2024 Maison de la Culture d’Amiens ~ Pôle européen de création et de production (80) 7 & 8 mars 2024 Les Passerelles ~ Scène de Paris ~ Vallée de la Marne | Pontault-Combault (77) 21 & 22 mars 2024 Festival MARTO Malakoff scène nationale (92) 26 mars 2024 Théâtre Paul Eluard ~ Scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la diversité linguistique | Choisy-le-Roi (94) 3 & 4 avril 2024 Le Sablier ~ Centre National de la Marionnette en collaboration avec la Comédie de Caen ~ CDN de Normandie | Hérouville-Saint-Clair (14)

  • "Interruption" : Une Lumière sur l'Avortement à Travers les Yeux de Celles Qui l'ont Vécu

    Depuis plus de 45 ans, la France reconnaît l'avortement comme un droit fondamental. Pourtant, des stigmates sociaux persistants restreignent la parole des femmes sur ce sujet si intime et personnel. C'est dans ce contexte que Sandra Vizzavona, avocate au Barreau de Paris, a décidé de porter la voix de ces femmes à travers son ouvrage "Interruption, l'avortement par celles qui l'ont vécu". Publié en 2021 aux éditions Stock, ce livre est une fenêtre ouverte sur une multitude d'expériences liées à l'avortement. Vizzavona y dépeint avec authenticité et sensibilité la mosaïque des émotions et des réalités entourant cette décision parfois difficile. Elle révèle à quel point chaque expérience est unique, influencée par les croyances, le vécu et l'entourage de chaque femme. L'adaptation théâtrale de cet ouvrage par Hannah Levin Seiderman, en collaboration avec Pascale Arbillot et Sandra Vizzavona elle-même, apporte une dimension supplémentaire à ces témoignages. Pascale Arbillot, actrice talentueuse, donne vie sur scène à son histoire, oscillant entre douleur et soulagement. La mise en scène en forme de compilation de témoignages bien que parfois sujet à débat, réussit à souligner l'importance cruciale d'un dialogue ouvert sur l'avortement. "Interruption" va au-delà de la simple représentation théâtrale ou littéraire. C'est un mouvement, un cri du cœur. La pièce, tout en rendant hommage à la diversité des voix féminines, interpelle le public et l'invite à plonger dans un tourbillon d'émotions. Elle met en lumière le paradoxe souligné par Vizzavona : bien que la loi française autorise l'avortement, la société impose souvent un lourd silence aux femmes qui y ont eu recours. Dans une époque où les droits des femmes sont plus que jamais au cœur des débats, "Interruption" se présente comme une œuvre indispensable, rappelant l'urgence d'écouter, de comprendre et de reconnaître les expériences de chacune. En brisant les tabous, Sandra Vizzavona donne une voix à celles qui, trop longtemps, ont été privées de parole. Avis de Foudart 🅵🅵🅵 Interruption Texte Sandra Vizzavona Adaptation Pascale Arbillot, Hannah Levin Seiderman et Sandra Vizzavona Mise en scène Hannah Levin Seiderman Avec Pascale Arbillot, Sanda Codreanu, Kenza Lagnaoui THEATRE ANTOINE À partir du 18 Septembre 2023 • Du Jeudi au Samedi à 19h • Dimanche à 16h NOUVELLES DATES Jeudi 29 février à 19h, Vendredi 1e mars à 19h, Samedi 2 mars à 19h, Vendredi 8 mars à 19h, Samedi 9 mars à 19h

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